Vivendi occupe fièrement la tête du CAC 40 à la faveur d'une hausse de 5,33% à 22,54 euros. Le groupe de médias et de divertissement a fait trois annonces majeures hier soir - ses résultats semestriels, l'entrée en négociations exclusives pour acquérir Editis et ses projets pour l'évolution du capital d'Universal Music (UMG) - qui ont globalement les faveurs des investisseurs, bien qu'à des degrés divers. C'est incontestablement la perspective de la cession jusqu'à 50% du capital d'UMG à un "partenaire stratégique" qui retient le plus l'attention.

Vivendi a promis qu'elle s'accompagnera d'un programme "significatif" de rachat d'actions. Sur cette base, les analystes ont sorti leurs calculettes. D'abord, Oddo BHF estime que Vivendi pourrait céder un tiers du capital d'UMG sur la base d'une valorisation de 20 milliards d'euros. Il percevrait alors 6,6 milliards d'euros de cash dont il pourrait allouer la moitié à des rachats d'actions représentant 12% de sa capitalisation boursière. Avec le solde de 3,3 milliards, il réaliserait sans doute de nouvelles acquisitions, Oddo BHF évoquant les agences de publicité ou les jeux vidéo comme de possibles segments d'investissement. Le broker voit Tencent ou Alibaba comme des partenaires intéressants pour UMG.

De son côté, Morgan Stanley valorise UMG 25 milliards de dollars. Net d'impôt, Vivendi récupèrerait 10 milliards d'euros en cédant 50% du capital de sa filiale. S'il garde 1 à 3 milliards pour des acquisitions, il lui resterait de quoi racheter 20 à 30% de sa capitalisation, calcule l'analyste.

Vivendi a dépassé les attentes au premier semestre

Enfin, Liberum souligne que la cible de 50% du capital d'UMG à céder est supérieure aux attentes du marché qui s'élevaient plutôt à 25%. S'il ne s'aventure pas à donner d'estimations, l'analyste estime que Vivendi fera d'un renforcement dans les jeux vidéo une priorité. De plus, il s'interroge sur la stratégie du principal actionnaire de Vivendi, Vincent Bolloré : soit il cherche du cash, soit il souhaite se renforcer mécaniquement au capital du groupe en n'apportant pas ses titres pour les faire racheter.

Face à ces considérations, les résultats semestriels de Vivendi n'ont pas pesé très lourd même si, en dépassant les attentes, ils alimentent la tendance haussière. Au premier semestre, Vivendi a enregistré un résultat net part du groupe en baisse de 6,3%, à 165 millions d'euros. Son Ebita est ressorti, lui, à 542 millions, en progression de 54%. Il comprend notamment l'effet de la consolidation d'Havas (+102 millions d'euros). À taux de change et périmètre constants, il a augmenté de 31,6%). Le consensus était à 520 millions. Enfin, le chiffre d'affaires semestriel de Vivendi a atteint 6,46 milliards d'euros, en progression de 18,3%.

Les bons résultats de Vivendi ont une fois encore été tirés par UMG, tandis que la restructuration de Canal+ continue à porter ses fruits. Le "churn" (proportion des abonnés qui résilient leur forfait) s'est encore réduit et Vivendi a confirmé son objectif d'EBITA pour Canal+, avant charges de restructuration, pouvant atteindre près de 450 millions d'euros en 2018.