Dans deux semaines, le marché en saura plus sur l’avenir d’Universal Music Group, la « pépite » du portefeuille de Vivendi. Le conseil de surveillance du 17 mai doit en effet examiner le dossier.
Vivendi a profité du 1er mai pour diffuser un communiqué dont le contenu tient en une phrase, mais qui préfigure d’une des décisions stratégiques parmi les plus importantes que l’histoire du groupe. Le directoire « lors du Conseil de Surveillance du 17 mai, les premiers travaux concernant les hypothèses d’évolution du capital d’Universal Music Group ». Un superbe aguichage, dirait-on au Québec, quinze jours avant la tenue de la réunion. Le PDG de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, avait annoncé mi-avril lors de l’assemblée générale annuelle de la société qu’un projet de cotation était à l’étude. Le dirigeant avait déjà posé un jalon il y a près d’un an en concédant, dans les colonnes du Wall Street Journal, qu’une entrée d’UMG sur le marché était possible. Les analystes n’avaient pas attendu la confirmation des rumeurs pour plancher sur un tel scénario, qui aurait le double avantage de monétiser la dynamique actuelle de la division tout en réduisant la décote de holding de Vivendi. Triple avantage même, car cela permettrait, aussi, de détourner l’attention des déboires italiens du groupe.
La nouvelle star
En quelques années, UMG est passé du statut de cinquième roue du carrosse à pépite au sein du portefeuille. Après l’effondrement des valeurs internet en 2000/2001, l’émergence du streaming musical et des canaux de production alternatifs avaient suscité un grand mouvement de défiance à l’encontre des acteurs traditionnels du disque. Paradoxalement, ce sont ces mêmes services de streaming qui ont remis en selle UMG et consorts, en leur offrant un accès à des millions de nouveaux consommateurs et un moyen de valoriser leurs fonds de catalogue. Les accords de long terme avec les Spotify, Tencent Music, Youtube et Facebook notamment, ont rassuré les investisseurs et nettement amélioré la perception de l’activité. Ce changement de paradigme trouve sa meilleure illustration dans un chiffre d’affaires 2017 en croissance de 10% à 5,673 milliards d’euros et dans un résultat opérationnel de 761 millions d’euros, en hausse de 20,6%, pour la seule division UMG. Elle pèse 45,5% du chiffre d’affaires et 77% des résultats du groupe, même s’il est vrai que la mauvaise passe de Canal+ contribue à déformer cette proportion.
L'organigrammme de Vivendi, qui montre la diversification du groupe (source : site web de Vivendi)
En milliards d’euros, à deux chiffres
Mais combien vaut UMG ? 10 milliards d’euros entendait-on encore il y a plusieurs mois. Jusqu’à 20 milliards d’euros aux dires du Secrétaire général de la société lors de l’assemblée générale de 2017. 15 milliards d’euros en moyenne estimaient les bureaux d’études à l’automne. Et même 39 milliards d’euros, avait lancé JP Morgan fin 2017. En 2013, Vivendi aurait reçu une offre à 6,5 milliards, puis une autre à 13,5 milliards en 2015, selon plusieurs sources. Au final, la pente est clairement ascendante : la patience a parfois des vertus. Rendez-vous le 17 mai donc, avec une position claire de la part du directoire. A ce stade, on voit mal Vivendi tourner le dos à une part du gâteau de la révolution internet, que Jean-Marie Messier avait déjà essayé de capter au début du siècle, sans succès. Pour patienter jusque-là, les actionnaires ont un rendez-vous majeur et risqué dès cette semaine avec l’assemblée générale de Telecom Italia et le vote sur la composition du conseil d’administration de l’opérateur transalpin. Le directeur général Amos Genish a annoncé la semaine dernière qu’il démissionnera si le fonds activiste Elliott parvient à placer ses administrateurs. Une situation qui compliquerait encore un peu plus la situation de Vivendi en Italie.
Vivendi SE regroupe plusieurs entreprises leaders dans la production de contenus, la communication et les médias :
- Groupe Canal+ : un des principaux opérateurs de télévision payante en France, au Benelux, en Pologne, Europe Centrale, Afrique et en Asie ;
- Lagardère : groupe d'éditions, de médias et de commerce de détail en zones de transport de voyageurs ;
- Studiocanal : acteur européen de premier plan en matière de production, d'acquisition, de distribution et de ventes internationales de films et de séries TV ;
- Havas : groupe de communication mondial organisé en trois unités opérationnelles qui couvrent l'ensemble des métiers du secteur (créativité, expertise média et santé/bien-être) ;
- Editis (activité en cours de cession) : deuxième groupe d'édition français et leader dans plusieurs domaines dont la littérature générale, la jeunesse, la pratique, l'illustré, la bande dessinée, l'éducation et la référence ;
- Prisma Media : leader en France de la presse magazine, de la vidéo en ligne et de l'audience digitale quotidienne ;
- Gameloft : un leader mondial des jeux vidéo sur mobile ;
- Vivendi Village : il rassemble la société internationale de billetterie See Tickets, le promoteur et détenteur de festivals Olympia Production (France), le détenteur de festivals U Live (Royaume Uni), les salles de spectacles parisiennes Olympia et le Théâtre de l'Oeuvre, les salles de cinéma et de spectacles CanalOlympia (Afrique), et l'agence de développement et de conseil en propriété intellectuelle The Copyrights Group ;
- Dailymotion : une des plus grandes plateformes d'agrégation et de diffusion de contenus vidéo au monde (plus de 350 millions d'utilisateurs uniques par mois) ;
- Group Vivendi Africa (GVA) : un opérateur de réseaux FTTH (Fiber to the home) en Afrique sub-saharienne.