Même si une telle démarche de l'exécutif européen en est encore à un stade très préliminaire et qu'elle pourrait être difficile à mettre en oeuvre, Bruxelles semble durcir ses positions en la matière, marchant ainsi dans les pas de l'administration américaine.

Avec un chiffre d'affaires de 93 milliards de dollars (81,7 milliards d'euros) en 2017, Huawei est le premier équipementier télécoms mondial, mais plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis en tête, redoutent que Pékin n'utilise ses infrastructures à des fins d'espionnage.

Aucune preuve n'a jusqu'à jusqu'à présent été apportée pour étayer ces soupçons et le groupe a réfuté à de nombreuses reprises ces accusations. La controverse a toutefois conduit les Etats-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande à restreindre l'accès à leurs marchés pour la téléphonie de cinquième génération (5G).

La semaine dernière, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères français, a déclaré que Paris était "conscient des risques" liés à l'équipementier télécoms chinois Huawei et que le gouvernement prendrait "les dispositions nécessaires quand il le faudra".

Vendredi, le britannique Vodafone a déclaré marquer une "pause" dans le déploiement des équipements de Huawei au coeur de ses réseaux jusqu'à ce que les pays occidentaux lèvent les inquiétudes sur les activités du groupe chinois.

Selon les quatre responsables déjà cités, une option envisagée par la Commission européenne est de modifier une loi de 2016 sur la cybersécurité, qui oblige les entreprises impliquées dans des infrastructures jugées critiques de prendre des mesures de sécurité appropriées.

En faisant en sorte que la définition de ces infrastructures critiques inclut également les réseaux dits de cinquième génération (5G), la loi empêcherait les opérateurs européens d'utiliser des équipements fabriqués par une entreprise soupçonnée d'espionnage, ont ajouté les responsables.

D'autres modifications pourraient également intervenir pour barrer la route à des équipementiers chinois, comme une révision des règles de marchés publics, ont-ils encore dit.

Une porte-parole de Huawei a déclaré que l'entreprise était "déterminée à coopérer avec les institutions européennes pour développer des normes de cybersécurité pour l'Europe", notant que l'ouverture par le groupe d'un nouveau centre de cybersécurité à Bruxelles en mars était l'illustration de son engagement dans ce domaine.

La mission de la Chine auprès de l'Union européenne n'était pas disponible dans l'immédiat pour un commentaire.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Nicolas Delame)

par Robin Emmott, Foo Yun Chee et Joanna Plucinska