Francfort (awp/afp) - Nouvelle voiture, nouvelle gamme, nouveau logo: Volkswagen a dévoilé lundi soir la berline compacte ID.3, première d'une série de nouveaux modèles électriques, un pari à 30 milliards pour tenter de s'imposer dans l'électro-mobilité et tourner la page du dieselgate.

Une foule compacte de journalistes s'était rassemblée dans un hall gigantesque du salon automobile de Francfort, dont les journées presse démarrent mardi.

Des applaudissements ont accueilli l'arrivée de la voiture sur une scène entourée de longs rideaux blancs, censés représenter la feuille blanche sur laquelle le groupe allemand souhaite se réinventer.

Basée sur une toute nouvelle plateforme optimisée pour les motorisations électriques, le véhicule aux lignes sobres se distingue par de grandes roues, un porte-à-faux très court et un vaste espace intérieur compte tenu de sa longueur limitée. A l'intérieur, un grand écran tactile orne le tableau de bord.

"Cette soirée est un moment décisif pour nous", a déclaré le patron Herbert Diess. "L'ID.3 lance l'énorme offensive électrique de la marque", a-t-il dit, rappelant qu'il comptait présenter d'ici à 2028 près de 70 nouveaux véhicules électriques.

Volkswagen compare volontiers l'ID.3 aux deux modèles qui ont construit son image, la Coccinelle et la Golf.

Afin de permettre au groupe de respecter les plafonds européens de CO2, le constructeur, dont l'image a été sévèrement atteinte par le scandale des moteurs diesels truqués, aura besoin de vendre un grand nombre de véhicules électriques.

Succès 'vital'

L'ID.3 "doit être un succès, c'est vital", a expliqué à l'AFP Stefan Bratzel, directeur du Center of Automotive Management.

Le groupe déploie les grands moyens pour se donner une image "plus jeune, plus dynamique et plus moderne", selon Ralf Brandstätter, directeur de la marque VW.

Pour la première fois depuis 2012, des dizaines de milliers de logos seront changés chez les concessionnaires, avant l'arrivée de la nouvelle berline dont les livraisons démarreront au printemps.

Il s'agit de "regagner l'estime de la société", quatre ans après l'éclatement du plus grand scandale industriel de l'Allemagne d'après-guerre, explique M. Brandstätter.

En 2015, Volkswagen avait reconnu avoir installé, dans 11 millions de véhicules, un logiciel destiné à les faire apparaître moins polluants lors des tests d'homologation en laboratoire.

Mais ce scandale, qui lui a déjà coûté plus de 30 milliards d'euros, s'est révélé être "un catalyseur de la mobilité électrique", juge M. Bratzel.

Ce premier modèle de la série "ID", vendu à "moins de 30.000 euros", inaugure la plateforme technologique "MEB" qui sera commune à tous les modèles électriques de la gamme. Le groupe, qui assure vouloir investir 30 milliards d'euros dans l'électrification de ses modèles, a misé gros.

Rentabilité incertaine

Avec l'ID.3, Volkswagen va tenter de combler son retard. Des concurrents comme Tesla, Renault, Nissan, BWM, ainsi que les chinois BYD et BAIC étaient partis avec une longueur d'avance.

Volkswagen vise un million de voitures dites "zéro émission" vendues par an d'ici à 2025, et revendique déjà plus de 30.000 pré-commandes pour son nouveau modèle.

Mais actuellement, les ventes de voitures 100% électriques ne représentent encore que 2% du marché.

"Il faut qu'ils trouvent une solution pour les vendre, sinon ils ne survivront pas", estime Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research (CAR).

Compte tenu des volumes relativement faibles, Volkswagen a prévenu que l'ID.3 ne serait pas rentable au démarrage. "A moyen terme, il n'y a pas d'argent à faire avec les voitures électriques", confirme M. Dudenhöffer.

Mais "vers 2023-2024, les capacités de production de batteries seront disponibles en Europe et les prix baisseront", explique-t-il.

Pour partager les coûts, Volkswagen va accorder une licence à Ford pour l'utilisation de sa plateforme dans le cadre d'un partenariat.

Volkswagen compte donc bien continuer de gagner de l'argent sur ses 4x4 (SUV) populaires, même s'ils sont de plus en plus critiqués par les défenseurs de l'environnement. D'ici à 2025, la marque veut passer de 11 à 30 modèles de SUV, dont certains avec moteur électrique.

afp/rp