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MUNICH (awp/afp) - La chancelière allemande a jugé samedi "effrayant" que les Etats-Unis considèrent les automobiles européennes importées comme une menace pour la sécurité nationale, une mesure qui aggraverait encore les tensions americano-européennes.

"Si ces voitures (...) deviennent soudainement une menace pour la sécurité des Etats-Unis, alors on trouve cela effrayant. Et je ne peux que souligner qu'il serait bon qu'on en arrive à de vrais pourparlers", a affirmé Angela Merkel. L'industrie automobile allemande serait la première concernée par des mesures douanières américaines.

S'exprimant à la conférence sur la sécurité de Munich, où le vice-président américain Mike Pence doit prendre la parole aussi, Mme Merkel a souligné que les voitures fabriquées en Bavière n'étaient pas plus une menace que les mêmes véhicules produits en Caroline du Sud où se "trouve la plus grande usine BMW au monde".

Le ministère américain du Commerce a conclu que les voitures et les équipements automobiles importés menaçaient la sécurité nationale des Etats-Unis en affaiblissant leur industrie automobile, ont indiqué des sources concordantes à l'AFP, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles taxes douanières.

Le rapport du ministère devrait être remis au président Donald Trump d'ici la date butoir de dimanche soir.

Cette conclusion d'une enquête menée par le ministère, révélée jeudi à l'AFP par deux sources automobiles européenne et américaine, risque d'intensifier les tensions avec l'Europe pour laquelle l'automobile est un point sensible.

Les groupes automobiles allemands, dont les géants Volkswagen, Daimler (Mercedes Benz), et BMW ont exporté en 2018 470.000 voitures de l'Allemagne vers les Etats-Unis, selon les chiffres de la fédération des constructeurs VDA, ce qui représente près d'un tiers de la valeur totale des exportations allemandes vers le pays.

En toile de fond, Washington agite la menace d'imposer des tarifs douaniers supplémentaires pouvant atteindre 25% sur les importations de voitures et d'équipements automobiles, un épouvantail pour cette industrie en Europe et notamment en Allemagne.

Pour imposer des droits de douane supplémentaires en mars 2018 sur l'acier et l'aluminium importés, M. Trump s'était servi d'une procédure rarement invoquée de la législation commerciale américaine: l'article 232, qui s'appuie sur des arguments liés à la défense nationale pour limiter l'importation de produits et de biens aux Etats-Unis.

Après avoir exempté l'Union européenne et le Canada, la Maison Blanche avait finalement imposé en juin des taxes sur l'acier de ses alliés, suscitant leur indignation et leur incompréhension face à un argumentaire jugé irrecevable et "absurde".

Le porte-parole de la Commission européenne Daniel Rosario a rappelé jeudi que Donald Trump et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'étaient mis d'accord fin juillet 2018 pour ne pas imposer de taxes douanières supplémentaires tant que les deux parties étaient en discussions.

"L'UE riposterait si les Etats-Unis décidaient d'adopter une quelconque mesure", a dit M. Rosario.

Bruxelles a d'ores et déjà préparé une liste de produits qui pourraient être taxés en représailles, à hauteur de 20 milliards d'euros.

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