Genève (awp) - Le groupe bancaire Lombard Odier a connu une croissance tous azimuts l'année dernière et atteint pratiquement 300 milliards de francs suisses d'actifs gérés. Le bénéfice net, apuré des effets exceptionnels, s'est également inscrit à la hausse.

Présent à Hong Kong, Singapour et Tokyo, l'établissement genevois a pris une série de mesures face au coronavirus. L'épidémie n'a pas d'impact sur les affaires pour l'instant.

Après un exercice 2018 marqué par la fébrilité des marchés, Lombard Odier a renoué avec la croissance des volumes l'année dernière. La masse sous gestion a ainsi bondi de 16% sur un an pour atteindre 299 milliards de francs suisses, a indiqué jeudi le groupe.

Les afflux nets d'argent ont pris l'ascenseur à 14 milliards de francs suisses, bien davantage que les 4 milliards de l'exercice précédent. L'effet marché a contribué à hauteur de 27 milliards à la hausse des volumes.

Par ligne de métier, la clientèle privée représente 182 milliards de francs suisses et l'activité institutionnelle 49 milliards. "Les résultats de notre gestion ont été très positifs, en particulier parce que nous sommes restés investis, convaincus de notre stratégie à long terme", expliqué à AWP Patrick Odier, associé gérant senior.

L'activité technologique a contribué à la masse sous gestion à hauteur de 67 milliards, le groupe bancaire genevois Syz ayant notamment adopté en 2019 la plateforme informatique développée par Lombard Odier.

Les recettes ont pris 3% à 1,18 milliard de francs suisses, une croissance inférieure à celle de l'année précédente (+6%) malgré une envolée de la masse sous gestion en 2019. "Les marges restent globalement sous pression dans toute l'industrie", rappelle M. Odier, qui évoque également une frilosité accrue des clients. "Dans les périodes où les scénarios économiques deviennent un peu plus incertains, (...) une allocation prudente des actifs se traduit souvent par des marges inférieures."

Le durable comme moteur

Le bénéfice net a plongé de 25,4% à 203 millions de francs suisses, en raison essentiellement d'éléments exceptionnels enregistrés en 2018 s'élevant à 107 millions.

Lombard Odier a cédé il y a deux ans des immeubles, ce qui avait permis de gonfler cet indicateur. L'année dernière, le groupe genevois a pu néanmoins compter sur l'apport lié à la cession d'un portefeuille américain de clients à Vontobel. En excluant tous ces effets uniques, le bénéfice net s'est étoffé de 6% à 175 millions de francs suisses.

Le ratio de fonds propres de première catégorie (CET1) a reculé d'un point, à 28,9%.

Selon Patrick Odier, le début d'année se déroule "positivement" sur le plan des résultats de gestion. L'offre de gestion durable de Lombard Odier a notamment suscité une forte demande d'une "large majorité" de clients privés et institutionnels.

La banque genevoise revendique une conviction forte en la matière. "Lombard Odier n'est pas intéressé à proposer des produits durables pour continuer à en faire d'autres qui n'en sont pas. Pour nous, il s'agit d'une philosophie d'investissement qui caractérise l'ensemble de notre offre", souligne le banquier.

Lombard Odier a pris de mesures destinées à protéger le personnel et les clients du coronavirus, principalement dans les trois bureaux en Asie.

"Nous sommes organisés de manière à avoir des sites opérationnels qui nous permettent de continuer notre activité si nous devions être concernés par cette épidémie. Ce qui n'est pas le cas pour l'instant", selon M. Odier. Ce dispositif doit permettre d'éviter toute fermeture temporaire de bureau. Les restrictions de voyage sont "strictes", mais empreintes de "bon sens et de prudence".

La marche des affaires n'est pas affectée pour le moment. L'impact de l'épidémie pourrait néanmoins peser temporairement sur la performance des marchés dans les mois à venir.

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