Fondé en 2001, coté sur Euronext Growth, Wedia est  éditeur de logiciel sur un marché de niche, en forte croissance : la gestion des contenus numériques, ou Digital Asset Management (DAM). Après avoir doublé de taille en 3 ans, l’objectif est de croitre à un rythme comparable dans les prochaines années afin de devenir un des tout premiers pure player. Entretien.

Nicolas Boutet, pouvez-vous nous présenter Wedia ?

"Wedia est un pure player de la gestion du DAM à destination des équipes marketing et communication des grands comptes. Notre plateforme cloud, facturée en mode Software as a Service (SaaS), permet à nos clients de gérer leurs contenus marketing (textes, photos, vidéos, 3D…) depuis leur création jusqu’à leur diffusion sur tous types de médias et de mesurer l’efficacité de ces contenus sur les canaux de communication. Pour simplifier, il s’agit d’une sorte de YouTube ou de Google Images de l’entreprise. 250 marques mondiales travaillent avec nos solutions, soit 550.000 utilisateurs dans plus de 40 pays. Les cabinets Gartner et Forrester classent Wedia dans les meilleures solutions mondiales en DAM."

La base de clientèle (source présentation Wedia)

Quelle est la taille de votre marché, sa croissance et que représentez-vous sur ce marché ?

 "Nous sommes sur un marché jeune, de niche à l’échelle du marché mondial du logiciel. D’après Forrester, le marché du DAM pour grands comptes totalise 450 M$. Selon les études, son taux de croissance varie de 15 à 30%. La concurrence reste très fragmentée, on y trouve les géants généralistes du logiciel, souvent américains comme Adobe, puis des pure players totalisant 10 à 25 M$ de CA comme Wedia, et enfin de petits acteurs ultra locaux. Environ 60% de notre chiffre d’affaires est réalisé en France, où notre part de marché dépasse les 20%. Nous venons de renforcer cette part de marché avec l’acquisition de Galilée, société bordelaise dont nous avons pris le contrôle via une augmentation de capital. Cette société de 36 personnes, consolidée au 1er octobre, devrait réaliser un CA d’un peu plus de 4 M€ en 2019, nous permettant d’atteindre un CA pro forma 2019 de plus de 14 M€. Nous connaissions Galilée depuis une quinzaine d’années, la société connaissait quelques difficultés de croissance et nous avons ainsi pu réaliser cette opération au bénéfice des deux parties. L’impact de cette acquisition sur notre trésorerie nette de dettes qui s’élevait à 1,6 M€ à fin juin n’est pas significatif. Elle va nous permettre d’approcher la taille critique au niveau européen, de consolider notre place dans le Top 10 mondial des pure players, et nous positionne également sur la clientèle des directions marketing des ETI. Les leviers de redressement de la profitabilité de Galilée sont bien identifiés et seront actionnés sur les prochains semestres, afin d’atteindre une marge opérationnelle conforme au reste du groupe, c’est-à-dire autour de 10%."

Comment expliquez-vous la décroissance de Wedia au 1er semestre ? Quelles sont vos ambitions sur ce marché en forte croissance ?

 "La baisse de notre CA semestriel de 5,27 M€ à 4,82 M€ s’explique à la fois par un effet de base négatif après un excellent S1 2018, par l’attrition d’une activité de négoce de SMS qui pesait environ 450 K€ et qui a vocation à disparaitre d’ici la fin de l’année, et par une contreperformance en termes de signatures de contrats en 2018. Cette contreperformance en 2018 s’est faite ressentir sur 2019. En effet, les ventes se traduisent dans le chiffre d’affaires avec un décalage de plusieurs mois, le temps de la montée en puissance des solutions chez nos clients.

Nous avons depuis le début de l’année 2019 signé plus d’une dizaine de comptes qui représenteront plus de 800 K€ en année pleine, soit à partir du S2 2020. Dans un marché en croissance de 15 à 30%, notre CA SaaS, qui représente environ 60% de notre CA total, doit croitre au moins à la vitesse du marché dans les années à venir. Notre ambition dans les trois ans, moyennant de nouvelles acquisitions, est de figurer dans le Top 5 des pure players mondiaux. Nous sommes en veille active sur les nombreux petits acteurs, à l’échelle européenne, car notre marché a vocation à se consolider. Notre vision est qu’après avoir investi dans la gestion de la relation client il y a 20-25 ans puis le marketing automation depuis 10 ans, les directions marketing et communication entrent dans une aire où elles vont devoir investir dans les solutions de gestion de contenus de plus en plus multiples. Un acteur paneuropéen peut constituer une cible intéressante pour de grands acteurs du logiciel mais ce n’est pas notre stratégie actuelle…"