Toutefois, des éléments aussi bien fondamentaux que techniques suscitent légitimement des interrogations quant à la possibilité d’avoir effectué un point bas de moyen terme.

Sur le plan fondamental, les conditions météorologiques mondiales sont restées au cœur des analyses de marché. Celles-ci ont été conjointement difficiles aux Etats-Unis, en Europe, mais aussi autour de la mer noire. Autrement dit, les principaux bassins de productions de blé dédiés aux exportations sont affectés par des aléas climatiques, créant de facto une prime de risque météorologique sur les prix.

Au-delà de l’épisode caniculaire qui a touché l’Europe de l’Ouest mais aussi la Russie ces dernières semaines, les Etats-Unis n’en demeurent pas moins touchés par l’une des pires sècheresses de cette décennie. Les températures élevées frappent les plaines du nord, où est semé le blé de printemps qui pousse dans les Etats du Minnesota, du Dakota du Sud, du Dakota du Nord en encore du Montana. L’impact se fait déjà ressentir sur la qualité du blé. Le département américain de l’agriculture (USDA) considère dans un rapport que seulement 40% des cultures sont considérées comme bonnes à excellentes. En d’autres termes, la qualité des cultures de blé s’établit à un niveau inquiétant, en dessous de sa moyenne des cinq dernières années.

Les producteurs américains n’ont, par conséquent, jamais aussi peu semé de blé au profit du soja. Cet arbitrage pourrait se poursuivre dans les prochaines années, prémisse d’une profonde mutation du marché physique.

Le cours du blé s’est ainsi envolé ces derniers jours, franchissant des niveaux jamais atteints depuis 2015 au-delà de 520 cents le boisseau. Cet engouement haussier, conjointement soutenu par la faiblesse du dollar, pourrait se poursuivre au regard de la météo américaine qui annonce un temps sec et chaud sur le centre-nord du pays.

D’un point de vue technique, une oblique descendante pluriannuelle, qui bloquait toutes les initiatives acheteuses depuis 2012 a été cassée. Ce franchissement, qui n’a rien d’anodin, pourrait être le fondement d’une nouvelle dynamique haussière de moyen terme. En atteste le canal haussier (en bleu), dont les cours se sont dernièrement extraits en formant au passage un gap. Un pullback sur le haut du canal est envisageable et permettrait d’ouvrir des positions longues pour viser les 600 cents.