La consommation des ménages au Royaume-Uni souffre notamment des incertitudes sur le déroulement du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne programmée pour le 29 mars. Une partie des Britanniques ont ainsi limité leurs dépenses dès novembre pour économiser en vue des achats de fin d'année. Sans pour autant que le rattrapage se fasse intégralement.

Marks & Spencer a ainsi fait état d'un nouveau trimestre de baisse de ses ventes à données comparables dans l'habillement comme dans l'alimentation.

John Lewis, un autre réseau de grands magasins, a expliqué que la demande encore soutenue de produits de beauté et de mode féminine lui avait permis de faire progresser ses ventes mais que ses marges restaient sous pression dans "un environnement de prix intensément concurrentiel".

Sa directrice des magasins, Paula Nickolds, a évoqué des promotions 20% à 30% supérieures à leur niveau de 2017.

Chez Debenhams, numéro deux des grands magasins au Royaume-Uni, le directeur général, Sergio Bucher, a expliqué que le groupe allait devoir réaliser 80 millions de livres (88,6 millions d'euros) d'économies pour éviter une détérioration de sa rentabilité après avoir baissé ses prix.

"Le marché dans son ensemble a été très, très concurrentiel", a-t-il dit à la presse.

Tesco, numéro un britannique de la grande distribution, a été l'un des rares gagnants de la période des fêtes dans le secteur avec 125.000 clients supplémentaires que lors de la période de Noël 2017 et un record historique d'activité le 23 décembre.

Ses rivaux Sainsbury's et Morrisons ont au contraire enregistré des ventes de Noël inférieures aux prévisions, pénalisés entre autres par la concurrence des enseignes discount allemandes Aldi et Lidl.

STAGNATION GLOBALE DES VENTES DE NOËL

Pour Richard Hunter, directeur des marchés chez Interactive Investors, même si Tesco a su échapper à la morosité générale, sa position reste exposée aux mêmes menaces que celles de ses rivaux.

"Les perspectives économiques du Royaume-Uni restent nébuleuses et le consommateur, anxieux, pourrait être tenté de faire ses achats uniquement en fonction du prix", explique-t-il.

L'économie britannique, qui a ralenti depuis le référendum de juin 2016 sur la sortie de l'UE, semble avoir souffert davantage fin 2018, période marquée par les difficultés de la Première ministre, Theresa May, à s'assurer le soutien d'une majorité des parlementaires pour faire adopter le projet d'accord sur le Brexit négocié avec les autorités européennes.

Une enquête publiée jeudi par le British Retail Consortium (BRC), principale fédération du secteur, montre que les distributeurs ont vu leurs ventes stagner pendant la période de Noël pour la première fois depuis 2008.

Cette stagnation est intervenue après une croissance de 0,5% sur un an en novembre. En décembre 2017, les ventes du secteur avaient progressé de 1,4%, toujours en rythme annuel.

Les ventes à données comparables, qui excluent les changements de surfaces de ventes, ont quant à elles diminué de 0,7%, leur plus forte baisse depuis octobre 2017.

Une autre étude sur les dépenses de consommation publiée par Barclaycard montre que la consommation n'a augmenté que de 1,8% en décembre après une croissance de 3,3% en novembre.

Ce chiffre est le plus faible enregistré depuis mars 2016 et, retraité de l'inflation, il équivaut à une contraction en données réelles.

"Beaucoup de Britanniques ont adopté une approche plus prudente en matière de dépenses de Noël qu'en 2017, en rognant sur les dépenses courantes pour compenser les coûts liés aux fêtes", explique Esme Harwood, directrice de Barclaycard.

La moitié des Britanniques interrogés le mois dernier sur le sujet s'étaient déclarés préoccupés par le risque de déclin de l'économie britannique en 2019, contre 43% un an plus tôt, selon Barclaycard.

(Kate Holton et Paul Sandle, avec David Milliken; Marc Angrand pour le service français)