Paris (awp/afp) - Le géant informatique français Atos va se délester d'une partie du capital de sa filiale de paiements électroniques Worldline, une opération de séparation motivée par une logique "industrielle" selon le groupe.

Atos, qui détient pour l'instant 50,8% du capital de Worldline, prévoit d'en donner 23,4% à ses actionnaires, chaque détenteur de 5 actions Atos recevant 2 actions Worldline. Atos conservera à l'issue de l'opération 27,4% de Worldline.

"C'est vraiment une décision industrielle" après "deux acquisitions transformantes qu'on a faites l'année dernière", a souligné le directeur financier d'Atos, en présentant l'opération à des journalistes.

Chacun des deux groupes, qui sont tous les deux cotés à la Bourse de Paris, a en effet réalisé une grosse acquisition l'an dernier.

Atos a racheté en juillet le groupe informatique américain Syntel pour 3,4 milliards de dollars. L'opération devrait, selon les analystes, l'aider à améliorer sa croissance et sa rentabilité, rééquilibrer son activité aux Etats-Unis, et lui a permis de mettre la main sur 18.000 ingénieurs en Inde.

Worldline de son côté a acquis en mai pour 2,3 milliards d'euros les services de paiement du groupe suisse Six, créant ainsi un champion européen sur ce marché en pleine consolidation.

Atos a expliqué mercredi qu'avec la séparation, il allait désormais pouvoir "concentrer ses activités" sur les services dans le secteur du numérique, tandis que Worldline sera mieux positionné "pour saisir les opportunités" sur le marché des services de paiement.

L'opération "va donner de la souplesse" à Worldline, a expliqué Thierry Breton a des journalistes, en lui permettant notamment de s'endetter sans conséquence pour la dette d'Atos.

Le PDG d'Atos n'a pas précisé si Atos entendait à terme se séparer complètement de son ancienne filiale, se bornant à souligner qu'elle était désormais "une participation financière".

La transaction a d'ores et déjà été approuvée par le conseil d'administration de Worldline mardi. Elle sera "soumise au vote des actionnaires d'Atos lors de l'assemblée générale ordinaire qui se tiendra le 30 avril 2019", selon le géant français.

Rattrapage en Bourse pour Atos

La Bourse a salué l'opération en ce qui concerne Atos, le titre grimpant de 6,64% mercredi à 80,62 euros à la clôture.

Worldline a en revanche perdu 4,42% à 45,4 euros.

Pour Atos, l'échange d'actions "joue mécaniquement" à la hausse pour le titre, ont commenté auprès de l'AFP les analystes du fournisseur de recherche AlphaValue.

Ils évoquaient aussi "rattrapage" avec l'intégration dans les cours de l'impact positif de l'acquisition de Syntel, qui n'avait, selon eux, pas été pris en compte jusqu'ici, et à la faveur de la publication également mercredi des chiffres annuels d'Atos.

Ce dernier a annoncé un chiffre d'affaires de 12,26 milliards d'euros pour l'ensemble de l'exercice 2018, en hausse de 1,2% à périmètre et taux de change constant.

Worldline affiche de son côté une croissance organique de 6,2%, avec un chiffre d'affaires de 1,72 milliard d'euros.

Atos, un groupe de plus de 120.000 salariés présidé par l'ancien ministre Thierry Breton, sort d'une année difficile sur le plan boursier, son action ayant perdu plus de 40% de sa valeur.

Le titre avait notamment beaucoup baissé en octobre, lorsque le groupe avait révisé à la baisse ses prévisions de croissance et de rentabilité.

L'action avait dépassé les 130 euros en octobre 2017 et valait encore plus de 105 euros à la fin du mois de septembre dernier, avant l'annonce de résultats pour le troisième trimestre jugés très décevants par les analystes.

Atos tenait mercredi une "journée investisseurs" au cours de laquelle il a présenté son nouveau plan à trois ans.

Pour 2019, il a indiqué prévoir une croissance organique du chiffre d'affaires de 2% à 3%, une marge opérationnelle de 11,5% à 12% du chiffre d'affaires, et un flux de trésorerie disponible de 0,9 milliard à 1 milliard d'euros.

Hors Worldline, qui doit être sorti du périmètre après la cession des titres aux actionnaires d'Atos, l'entreprise prévoit une croissance organique du chiffre d'affaires de 1% à 2%, une marge opérationnelle de l'ordre de 10,5% du chiffre, et un flux de trésorerie disponible de 0,6 à 0,7 milliard d'euros.

afp/ol