Paris (awp/afp) - La prudence a fait son retour sur les marchés européens mercredi, en l'absence de coordination pour freiner la pandémie de coronavirus qui continue de dévaster des milliers de vie et l'économie, mais Wall Street résiste mieux.

L'Europe a ainsi fini en léger repli, à l'exception de Paris (+0,10%) qui a réussi à se hisser très timidement dans le vert en fin de séance, dans le sillage des indices américains.

Francfort a pour sa part reflué de 0,23%, Londres de 0,47%, Milan de 0,18% et Madrid de 0,73%.

De son côté, Wall Street s'est montrée moins craintive et l'espoir de voir le ralentissement de la propagation du virus se confirmer aidait les indices new-yorkais à se maintenir dans le vert.

Vers 18H00 (16H00 GMT), l'indice vedette Dow Jones Industrial Average prenait 2,17%, l'indice élargi S&P 500 2,15% et celui du Nasdaq, à forte coloration technologique, 1,76%.

"L'optimisme partiel (mercredi à l'ouverture aux Etats-Unis, ndlr) tourne autour de l'idée qu'on a peut-être atteint un niveau plateau des cas de contaminations dans certains foyers et qu'on s'oriente vers un possible assouplissement des mesures prises pour arrêter la propagation du coronavirus", avance Patrick O'Hare, de Briefing.

Alors que côté européen, l'optimisme "décline devant les doutes grandissants sur le calendrier et la manière de mettre fin à la quarantaine et le confinement", résume Jasper Lawler, analyste pour London Capital Group.

De surcroît, "l'échec des ministres des Finances de la zone euro à initier une action conjointe souligne la capacité limitée des gouvernements à amortir les retombées économiques à venir", ajoute-t-il.

Si le nombre de nouvelles hospitalisations marque le pas dans plusieurs pays, dont l'Espagne et l'Italie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont tous deux enregistré un record de décès liés au Covid-19 mardi.

Quant à la France, elle a été mardi le quatrième pays à franchir la barre des 10.000 morts officiellement comptabilisés, après l'Italie, l'Espagne et les Etats-Unis.

Ainsi, l'optimisme des deux derniers jours reposant sur une stabilisation possible de l'épidémie en Europe a cédé la place à un regain d'anxiété.

Dans ce contexte, les investisseurs seront particulièrement attentifs au compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) dans la soirée qui "pourrait permettre d'anticiper ses prochains mouvements mais également de préciser ses perspectives concernant l'économie américaine", indique Vincent Boy, analyste marché chez IG France.

Absence de réponse commune

Le confinement de plus de la moitié de l'humanité et la mise en sommeil des capacités de production ont déjà eu raison de la croissance économique de l'Allemagne et de la France, cette dernière connaissant désormais une récession.

"L'impact sur l'économie devrait être confirmé avec le début de la saison des résultats et la publication des statistiques économiques pour le premier trimestre", prévient M. Boy.

Les ministres européens des Finances sont sortis bredouilles d'une nuit de discussions destinées à apporter une réponse économique commune face au coronavirus et doivent se réunir à nouveau jeudi.

Et à défaut d'une mise en place d'une règle commune à suivre au sein de l'Union Européenne et des pays associés, plusieurs pays dont l'Autriche, la Slovénie, la Norvège et le Portugal, préparent chacun de leur côté un retour à la normale.

Pas de sortie rapide

"Aucun pays ne peut restaurer de manière durable les conditions de vie et d'activité normales si ses voisins ne sont pas eux-mêmes tirés d'affaire. En somme, il y a là un argument puissant en faveur d'une coordination, d'une part des mesures sanitaires, d'autre part des politiques budgétaires", écrit Bruno Cavalier chez Oddo BHF.

Or, "l'Europe est défaillante sur ces deux domaines".

La reprise sera "échelonnée entre les régions, les pays, les États américains et les industries, ce qui laisse supposer une montée en puissance plus lente que ce qui avait été espéré au départ", prévoit Esty Dwek, responsable des stratégies de marché de Natixis IM Solutions.

Si le marché de la dette a peu bougé, les cours du pétrole pour leur part progressaient mercredi dans l'espoir d'une réduction de la production à la veille d'une réunion cruciale des pays producteurs.

afp/al