New York (awp/afp) - Le prix du pétrole a légèrement reculé mardi à New York, lesté par la multiplication de signaux sur la rapide augmentation de la production d'or noir aux Etats-Unis.

Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars, référence américaine du brut, a cédé 10 cents pour clôturer à 59,19 dollars sur le New York Mercantile Exchange.

Il perdait plus de terrain en début de séance mais a réussi à inverser la tendance "au fur et à mesure que le dollar s'affaiblissait" face aux autres devises, a remarqué Robert Yawger de Mizuho.

De même le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril coté à Londres a terminé en légère hausse, de 13 cents à 62,72 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), après avoir démarré la séance en baisse.

Le repli du dollar, qui sert de référence aux prix du brut, permet en effet aux investisseurs utilisant d'autres devises de débourser moins pour acheter un baril.

Mais de façon générale, "la situation n'est pas très positive pour les prix dans la mesure où tout le monde s'accorde à dire que la hausse de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis va égaler ou dépasser la hausse de la demande mondiale", a noté M. Yawger.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a ainsi souligné mardi dans son rapport mensuel qu'"après avoir considérablement réduit les coûts", les producteurs américains connaissent une "croissance si extraordinaire" que l'augmentation de leur production en 2018 "pourrait égaler la hausse de la demande mondiale".

Le pays serait en passe de devancer l'Arabie Saoudite puis, d'ici à la fin de l'année, la Russie, devenant "le leader mondial".

La veille, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait estimé que la production des Etats-Unis demeurait "préoccupante".

L'Agence américaine d'information sur l'énergie a aussi estimé lundi que la production de pétrole de schiste devrait atteindre 6,76 millions de barils par jour en mars dans le pays, soit 110.500 barils de plus qu'en février et 1,3 million de barils de plus qu'en mars 2017.

- Incroyable -

"Cette poussée rapide devient problématique", a estimé John Kilduff d'Again Capital. "D'autant plus que les producteurs américains sont particulièrement offensifs et sont prompts à exporter le pétrole, comme l'illustre l'envoi récent d'un cargo de brut américain aux Emirats arabes unis."

"Cela aurait semblé incroyable il y a quelques années, mais c'est désormais un signe précurseur du marché à venir", a jugé l'AIE.

Les sociétés américaines profitent en effet pleinement de la remontée des cours à l'oeuvre depuis l'été dernier, conséquence de l'accord de réduction de la production entre l'Opep et d'autres pays producteurs, dont la Russie. Cet accord, signé en 2016, court jusqu'à la fin de l'année.

Si l'objectif semblait à portée de main, les stocks de produits pétroliers ayant considérablement décru dans les pays membres de l'OCDE en 2017 et les prix ayant connu une belle remontée en deux ans, l'augmentation de l'offre américaine commence à inquiéter les marchés.

Dans ce contexte, les investisseurs surveilleront de près deux chiffres mercredi selon M. Yawger.

Celui sur les prix à la consommation aux Etats-Unis qui, s'il s'éloigne des attentes, pourrait fortement agiter le marché des actions et par ricochet tous les actifs jugés risqués, comme le pétrole.

Et celui sur la production américaine de brut dans un rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE).

"On sait maintenant que les Etats-Unis produisent plus de 10 millions de barils par jour mais les investisseurs seront attentifs au rythme de l'accélération de l'exploitation", a jugé M. Yawger.

afp/rp