New York (awp/afp) - Les cours du pétrole ont progressé mardi, surveillant avec attention les suites de l'affaire de disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi et la menace de Ryad de déséquilibrer le marché de l'or noir en cas de sanctions contre le pays.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a clôturé à 81,41 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 63 cents par rapport à la clôture de lundi.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de novembre a avancé de 14 cents, à 71,92 dollars.

"L'affaire saoudienne suscite de nombreuses inquiétudes car on se demande réellement comment elle va se terminer", a indiqué James Williams, de WTRG.

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, dépêché mardi en Arabie saoudite, a affirmé que Ryad était favorable à une enquête "approfondie" sur la disparition de Jamal Khashoggi, après des entretiens avec le roi Salmane et le prince héritier, Mohamed Ben Salmane.

Journaliste saoudien critique du pouvoir et collaborant notamment avec le Washington Post, Jamal Khashoggi, 59 ans, est entré le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul et n'est pas réapparu depuis.

"Aucune des deux parties ne peut se permettre un conflit ouvert", a affirmé Fiona Cincotta, analyste chez City Index.

Sortie de crise

Alors, déjà, "une hypothèse de sortie de crise se dessine", a indiqué M. Williams.

"La ligne de défense saoudienne, évoquée par plusieurs médias, pourrait être celle d'un crime isolé de ressortissants saoudiens, et non une opération montée par les autorités du pays (...) Cela permettrait aux Saoudiens de garder la protection américaine et aux Américains de ne pas voir Ryad se tourner vers la Russie ou la Chine".

"Cela maintiendrait un environnement relativement stable au Moyen-Orient" et permettrait à Washington de continuer à se fournir en pétrole saoudien, a-t-il encore commenté.

Face aux critiques américaines sur la disparition du journaliste, l'Arabie saoudite a menacé de déséquilibrer le marché du pétrole, quitte à faire flamber les cours. Mais, d'après plusieurs analystes, le premier exportateur mondial de pétrole prendrait des risques aussi bien économiques que géopolitiques en brandissant l'arme de l'or noir.

Les cours avaient reculé un peu plus tôt en séance alors que les courtiers tablent sur une nouvelle hausse des réserves américaines de brut.

"Les prix du brut passent du rouge au vert car les investisseurs cherchent l'équilibre, entre une demande mondiale prévue en baisse et des tensions de plus en plus vives au Moyen-Orient", a commenté Benjamin Lu, analyste chez Phillip Futures.

Alors que l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont revu leurs prévisions sur la demande mondiale à la baisse dans leurs rapports parus la semaine dernière, les marchés vont prendre connaissance mercredi des données hebdomadaires sur les stocks américains, publiées par l'Agence américaine d'information sur l'Énergie (EIA).

Les analystes tablent sur une hausse de 1,25 million de barils des stocks de brut, de 1 million de barils de ceux d'essence et sur une baisse de 1 million de barils des autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole), selon la médiane d'un consensus compilé par Bloomberg.

Avant les chiffres officiels de l'EIA, la fédération professionnelle American petroleum Institute publiera ses propres données mardi soir.

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