New York (awp/afp) - Les prix du pétrole, qui ont atteint un plus bas en 18 ans lundi, se sont plus ou moins stabilisés mardi mais enregistrent le plongeon mensuel et trimestriel le plus important de leur histoire.

A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c'est le dernier jour de cotation, a lâché 2 cents pour clôturer à 22,74 dollars.

A New York, le baril américain de WTI pour mai a gagné 39 cents, ou 1,9%, pour finir à 20,48 dollars.

Les deux barils ont perdu 66% de leur valeur depuis le début de l'année, ce qui représente leur plus lourde chute trimestrielle depuis la création de ces contrats dans les années 1980.

La veille, les deux contrats de référence étaient tombés à leur plus bas depuis 2002, touchant respectivement en séance des planchers à 21,65 dollars et 19,27 dollars le baril.

"L'offre va rester largement supérieure à la demande pendant encore un certain temps dans la mesure où la baisse de la demande liée aux restrictions de transports (mises en place par les Etats pour contrer la propagation de la pandémie de coronavirus, NDLR) dépasse largement tous les autres facteurs", souligne Robbie Fraser de Schneider Electric.

Martijn Rats, de Morgan Stanley, a ainsi nettement accentué ses prévisions sur la détérioration de la demande: avec la chute drastique des trafics aérien, automobile et ferroviaire, il s'attend désormais à une baisse de la demande en 2020 d'environ 5 millions de barils par jour, contre une baisse de seulement 1 million anticipée le 16 mars.

Par ailleurs, remarque M. Fraser, "des données préliminaires indiquent que l'Arabie saoudite a bien mis ses menaces à exécution et inonde le marché d'or noir au moment même où les raffineries, un peu partout dans le monde, sont en train de limiter leurs opérations".

Les cours étaient pourtant orientés plus vivement à la hausse en début de séance asiatique mardi, soutenus par le rebond surprise de l'indice d'activité manufacturière en Chine en mars, après un plus bas historique le mois précédent. De quoi permettre aux investisseurs "d'espérer une reprise plus rapide après la levée des mesures de confinement", a estimé Bjornar Tonhaugen, de Rystad Energy.

Les discussions au plus haut niveau lundi des deux premiers producteurs de pétrole mondiaux dans le but de mettre un terme à la guerre des prix déclenchée par Ryad après l'échec des négociations entre les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés début mars, étaient également de nature à apporter de l'élan aux prix.

Lundi, le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine se sont en effet accordés par téléphone sur "l'importance de la stabilité dans le marché international de l'énergie", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Mais les cours sont toujours guidés par l'effondrement de la demande.

"A ce niveau, les prix du pétrole vont devoir tomber suffisamment bas pour forcer des champs de pétrole actuellement en activité à fermer", estime M. Rats qui n'exclut pas que les cours puissent descendre temporairement près des 10 dollars le baril.

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