Cette région du globe devrait ainsi continuer à concentrer l’attention des opérateurs financiers et des négociants. Les enjeux demeurent considérables puisque le détroit d’Ormuz constitue la voie navigable la plus importante pour le commerce de pétrole brut. Près d’un tiers de la production mondiale y transite, un axe vital pour bon nombre de pays producteurs. A ce titre, toutes les exportations de pétrole du Koweït, de l'Iran, du Qatar et de Bahreïn, empruntent ce détroit, ainsi qu’une très grande partie de celles de l'Arabie Saoudite, de l'Irak et des Emirats Arabes Unis.
Toujours sur le front géopolitique, Téhéran a fait savoir que le plafond d’uranium faiblement enrichi fixé par les accords de Vienne sera dépassé dans quelques jours, actant de ce fait la réduction des engagements de l’Iran sur le nucléaire. En parallèle, Washington accroît sa présence au Moyen-Orient en renforçant son dispositif militaire de 1000 soldats.
Naturellement, ces frictions d’ordre géopolitique tendent à créer de la pression sur les cours du brut, qui, paradoxalement, peinent à maintenir une trajectoire haussière depuis début mai. Il faut, pour démêler ce contresens, s’attarder sur les fondamentaux du marché, toujours déprimé par les craintes d’abondance de pétrole. La dynamique des stocks de brut cristallise à juste titre ces inquiétudes, ces derniers ne parvenant pas à basculer en deçà de leur moyenne à 5 ans.
Evolution des stocks US – source EIA
C’est pourquoi nous avançons avec conviction le postulat de problématiques structurelles, empêchant le rééquilibrage des marchés pétroliers. Le diable se cacherait probablement du côté de la demande. A ce titre, l’AIE et l’OPEP ont tous deux revu à la baisse leurs prévisions de croissance de la demande dans leur dernier rapport mensuel. Sans grande surprise, les tensions commerciales sont pointées du doigt, ainsi que leurs conséquences sur la croissance mondiale.
Le second fautif demeure évidemment l’essor des schistes américains, qui franchissent chaque mois de nouveaux paliers en termes de production. L'EIA prévoit que la production américaine augmentera de 1,36 million de barils par jour (mbj) en 2019 et de 0,94 mbj en 2020, avec une production moyenne de 13,3 millions de barils par jour en 2020.
Prévision de la production US et contribution par région – source : EIA
Ceci raisonne comme une évidence, les producteurs américains sont à la conquête de parts de marché et disposent d’une panoplie d’armes fournie pour mener à bien cette expansion (à lire ici : Quand Les Etats-Unis fracturent le marché pétrolier). Loin des considérations américaines, l’équilibre du marché n’est pas leur problème, mais c’est justement celui des autres pays producteurs.
Evolution des exportations américain de brut et répartition des destinations – source : EIA
Si ce rendez-vous était initialement programmé le 25 et le 26 juin, le calendrier pourrait être revu à la demande de certains pays, notamment la Russie et l’Arabie Saoudite, qui ne souhaitent pas interférer avec la tenue du G20 à la fin du mois. Néanmoins, d’autres pays, dont l’Iran s’y opposent fermement, ajoutant au-delà de la confusion ambiante, un degré de tension supplémentaire au sein de l’OPEP+. Si le simple choix de la date de la réunion est un sujet de discorde, qui se déroulera finalement le 1er et le 2 juillet, alors la réunion promet d’être houleuse.