Paris (awp/afp) - La production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a spectaculairement chuté en mars, avec une très forte baisse dans un Venezuela en crise et une Arabie saoudite qui a un peu plus fermé les vannes.

La production totale du cartel a plongé de 534.000 barils par jour pour atteindre un peu plus de 30 millions de barils par jour le mois dernier, selon des sources secondaires (indirectes) citées dans le rapport mensuel de l'Opep publié mercredi.

Le Venezuela, en proie à une crise politique et économique et affecté par des pannes d'électricité à répétition, a pompé 289.000 barils par jour (b/j) de brut en moins le mois dernier, selon ces mêmes sources.

Sa production n'a atteint que 732.000 b/j alors qu'elle dépassait le million en début d'année et approchait encore les 2 millions en 2017.

Les chiffres officiels fournis directement par le Venezuela à l'Opep - qui masquent en général l'ampleur des difficultés du pays - évoquent même un plongeon de 472.000 b/j en mars.

Depuis le 7 mars et une méga-panne qui avait laissé presque tout le pays dans l'obscurité pendant cinq jours, les coupures d'électricité ont été sporadiques au Venezuela, affectant notamment le secteur pétrolier et l'économie en général.

Ces pannes interviennent dans un contexte d'affrontement politique entre le régime du président Maduro et l'opposant Juan Guaido, reconnu par une cinquantaine de pays comme président par intérim. La compagnie pétrolière publique PDVSA fait aussi l'objet de sanctions de la part des Etats-Unis.

La production pétrolière du Venezuela, qui dispose des premières ressources mondiales de brut, s'est érodée depuis des années en raison notamment du sous-investissement dans les infrastructures.

La production de l'Opep a aussi été limitée par la très forte baisse (324.000 b/j) enregistrée en Arabie Saoudite.

Le géant saoudien, chef de file du cartel, montre ainsi sa détermination à soutenir les cours du pétrole alors que l'Opep et ses alliés, dont la Russie, sont engagés dans un accord de limitation volontaire de leur production, qui court jusqu'en juin.

Juin et au-delà

L'effet a été radical sur les cours du brut: ils ont grimpé au premier trimestre comme ils ne l'avaient plus fait depuis 14 ans et le Brent de la mer du Nord a récemment passé la barre des 70 dollars.

D'autres pays ont aussi vu leur production reculer en mars, notamment l'Irak (-126.000 b/j) et dans une moindre mesure l'Iran (-28.000 b/j), qui est touché par des sanctions américaines.

La production libyenne a en revanche nettement progressé (+196.000 b/j): le mois de mars n'était pas encore affecté par les combats actuels entre les forces de Khalifa Haftar et celles du gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli.

La publication de ces chiffres intervient alors que l'Opep doit décider s'il est nécessaire de prolonger ses réductions au-delà de l'échéance de juin ou même de procéder à des réductions supplémentaires.

Le ministre saoudien de l'Energie Khaled al Faleh a estimé lundi que les producteurs de pétrole n'auraient peut-être pas besoin de réduire davantage leur production. "Je pense que le marché se rapproche de l'équilibre", a-t-il dit.

Les décisions du cartel se font aussi sous l'oeil attentif du président américain Donald Trump. "Très important que l'Opep augmente l'approvisionnement en pétrole. Les marchés mondiaux sont fragiles, les prix du pétrole montent trop haut. Merci!", écrivait-il sur Twitter fin mars.

Le contexte économique est aussi plus généralement fragile, avec une croissance mondiale qui ralentit et des prévisions du Fonds monétaire international (FMI) qui viennent d'être revues en baisse pour cette année.

L'Opep a d'ailleurs revu très légèrement à la baisse ses estimations pour la demande de brut en 2019, à cause d'une croissance qui s'annonce plus faible que prévu pour les pays développés.

afp/jh