New York (awp/afp) - La production de pétrole brut a plongé la semaine dernière aux Etats-Unis, un élément essentiel à la veille d'une importante réunion des géants mondiaux de l'or noir, ce qui n'a pas empêché les stocks d'exploser en raison d'une chute de la demande.

Les producteurs américains ont pompé 12,4 millions de barils par jour (mbj) lors de la semaine se terminant le 4 avril, selon le rapport de l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) publié mercredi, ce qui représente une forte baisse par rapport au 13 mbj extraits la semaine précédente.

Ce recul important montre que la chute des cours du pétrole a déjà eu un impact significatif sur les producteurs américains, un élément essentiel à la veille d'une réunion cruciale entre les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés, dont la Russie, réunis au sein du groupe Opep+. D'autres pays producteurs, dont les Etats-Unis, ont été invités à s'y joindre.

Les participants doivent se réunir jeudi en téléconférence pour statuer sur une éventuelle réduction de leurs extractions, à un moment où le marché est inondé de brut.

"La baisse de la production aux Etats-Unis, qui est entièrement liée aux forces du marché, rend sans doute les discussions un peu plus faciles car les membres de l'Opep+ ont plus intérêt à se mettre d'accord entre eux sur une réduction de la production plutôt que de laisser le marché faire de façon aléatoire", note Bart Melek de TD Securities.

"Toutefois, les membres de l'Opep+ vont probablement vouloir s'assurer que la production ne va pas soudainement repartir à la hausse aux Etats-Unis dès que les prix vont se redresser", ajoute-t-il.

Par ailleurs, "même si l'Opep+ parvient à un accord sur une diminution de leurs extractions, cela ne sera probablement pas suffisant pour compenser la baisse massive de la demande à court terme", relève aussi le spécialiste.

Chute de la demande

Les mesures de confinement imposées pour tenter d'enrayer la propagation du Covid-19 se sont en effet accompagnées d'un net ralentissement du transport mondial et de nombreuses entreprises.

La demande en énergie aux Etats-Unis au cours des quatre dernières semaines a plongé de 10,7% par rapport à la même période il y a un an.

Résultat immédiat: les réserves commerciales de brut ont explosé de 15,2 millions de barils pour s'établir à 484,4 millions lors de la semaine achevée le 3 avril, là où les analystes avaient misé sur une augmentation de 9,25 millions de barils. C'est la plus forte augmentation jamais enregistrée depuis que ces données existent.

En hausse pour la onzième semaine de suite, les stocks de brut ont grimpé au total de 56 millions de barils depuis mi-janvier.

Vu le contexte, les raffineries américaines ont encore fortement ralenti la cadence, fonctionnant à 75,6% de leurs capacités contre 82,3% la semaine précédente. Il s'agit du taux le plus bas depuis la crise financière de 2008.

Les stocks d'essence ont aussi gonflé bien plus que prévu, de 10,5 millions de barils, là où les analystes anticipaient une hausse de seulement 5,5 million de barils.

En revanche, les réserves de produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont progressé de seulement 500.000 barils, alors que les analystes s'attendaient à une hausse de 1,5 million de barils.

En hausse avant la diffusion du rapport, le cours du baril de WTI de New York continuait de progresser après la publication et montait de 3,43% à 24,44 dollars vers 15H35 GMT.

Les stocks de brut WTI du terminal de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence à la cotation du pétrole à New York, ont bondi de 6,4 millions barils, à 49,2 millions de barils.

afp/rp