Cette baisse est l’expression de la structure des prix à terme en contango en vigueur sur les marchés pétroliers. Dit de manière prosaïque, cette structure désigne des prix cash (livraison mai) inférieurs aux prix à terme (échéance future). Vous trouverez plus d’information sur le contango ici : "Mais pourquoi le cours du Brent s'écarte-t-il de celui du WTI ?".

Plus concrètement, le pétrole coule à flot et la demande en contrepartie est insuffisante. Les négociants n’ont donc pas d’autres choix que le stockage afin d’écouler leur brut sur des échéances plus lointaines, en espérant pouvoir réaliser des profits. Cette option est contraignante puisqu’elle induit non seulement un coût de stockage significatif… mais encore la nécessité de trouver des capacités adéquates. Les dates de livraison sont ainsi décalées, nécessitant un roulement sur les contrats à termes. Le contrat à échéance mai expire justement demain (accédez au calendrier des contrats "futures" ici), les opérateurs doivent donc "rouler" leurs contrats en débouclant leur position à échéance mai 2020 pour les reprendre sur des échéances plus lointaines et sur des contrats plus liquides.

Graphique WTI

La violence de la baisse du prix cash du WTI met en lumière l’importance de ces opérations techniques et illustre la pression extraordinaire exercée sur les capacités de stockage des acteurs américains. Selon diverses sources de marché, les négociants stockent un nombre record de 160 millions de barils de pétrole sur des tankers VLCC (des pétroliers géants), soit le double du niveau d'il y a deux semaines.

Les données du stockage en mer sont à l’image de la santé du marché pétrolier, qui souffre d’un excédent de production abyssal et qui prie pour une reprise rapide de la demande de brut. Sans quoi, le contango s’aggravera encore et encore. Et les opérations de roulement seront de plus en plus violentes sur les prix cash.