Patrick Barbe, Head of European Investment Grade Fixed Income chez Neuberger Berman s'est exprimé sur le dilemme de la BCE : prix vs stabilité financière. La BCE a confirmé la semaine dernière que l'inflation risquait de rester trop élevée pendant trop longtemps, justifiant ainsi une augmentation de 50 points de base de son taux directeur à 3 %. Selon l'analyste, la politique monétaire de la BCE reste donc axée sur la lutte contre une inflation élevée et prolongée, qui pourrait être bien supérieure à son objectif de 2% au cours des deux prochaines années.

Néanmoins, pour la première fois, son taux d'inflation sous-jacente prévisionnel est passé de 2,8% à 2,5% pour 2024 et de 2,4% à 2,2 % pour 2025.

Patrick Barbe considère que l'approche de la BCE ne tient pas encore compte de la crise financière, car cet événement est trop récent pour avoir été inclus dans ses perspectives économiques.

Et l'analyste de conclure : " Le marché estime que ces turbulences financières devraient conduire à un nouveau resserrement des conditions de crédit offertes par les banques, poussant la zone euro vers la récession cette année. Dans ce contexte, le relèvement du taux de dépôt de la BCE à 3 % représente une politique monétaire restrictive qui pourrait freiner la demande, entraînant au mieux une croissance molle. De plus, le marché estime que la BCE réagit de manière excessive à la poussée inflationniste, car elle est très ' en retard ' et n'a pas pris le recul nécessaire pour mesurer les effets de ses hausses de taux passées sur l'activité, structurellement faible."