Cette semaine, les regards du monde entier sont tournés vers Paris. La capitale française accueille le sommet pour l’action sur l’IA. L’occasion pour Emmanuel Macron de vanter les atouts de la France et d’attirer des investissements étrangers. Après avoir annoncé dimanche soir 109 milliards d’euros d’investissements dans les infrastructures IA, notamment en provenance des Emirats Arabes Unis, celui-ci a mis en avant les atouts de la France en clôture de la première journée du sommet.
La France dispose en effet d’atouts dans la course à l’intelligence artificielle, notamment sa production d’électricité. Ce qu’Emmanuel Macron n’a pas oublié de rappeler grâce à une formule bien trouvée : « Plug, baby, plug » en référence au « Drill, baby, drill » de Donald Trump. Ce n’est pas la première fois que le Président français prend le contrepied de son homologue américain. En juin 2017, quelques jours après le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, celui-ci avait voulu appeler au sursaut par la formule « make our planet great again ».
La force du nucléaire
Le développement de l’IA va en effet nécessiter beaucoup plus d’électricité pour alimenter les data-centers. Et compte tenu du développement rapide de cette technologie, la demande en électricité pour ces installations croit également rapidement. Elle devrait doubler entre 2022 et 2026 selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En face de cette demande, il faut davantage de temps pour développer de nouvelles capacités de production électriques.
C’est là que le France a une carte à jouer puisque le pays produit énormément d’électricité, en particulier grâce à son parc nucléaire et ses 57 réacteurs. En 2024, la production a atteint 536,5 TWh, surpassant largement la consommation puisque 89 TWh ont été exportés, un niveau record. Une production à 95% bas carbone (renouvelable et nucléaire). Plus globalement, la France est le pays développé qui a le mix énergétique le plus décarboné, avec plus de 50% de la consommation d’énergie primaire issue du nucléaire et du renouvelable.
Source : JPMorgan AM
Les défis du nucléaire
Si le nucléaire est une force pour la France, ce sera aussi un défi dans les années à venir. En effet, le parc nucléaire est vieillissant et le prolongement de son exploitation nécessitera davantage d’opérations de maintenance, et dans certains cas des arrêts de productions. En parallèle, les prochains réacteurs n’entreront pas en service avant 2035 au mieux.
La construction de réacteurs nucléaires pose de nombreuses questions. Celle des compétences d’abord puisque la filière aura des besoins très importants de compétences spécifiques. Celle des coûts et des délais ensuite puisque les chantiers les plus récents ont couté beaucoup plus cher et ont été mis en service bien plus tard que les prévisions initiales. L’exemple de la centrale de Flamanville est emblématique : la production a débuté avec 12 ans de retard et le projet a coûté, selon la Cour des Comptes, cinq fois plus cher que l’estimation initiale.
Source : Financial Times
Au niveau mondial, une coalition de 31 pays s’est fixée comme objectif de tripler les capacités de production nucléaire d’ici à 2050. Un objectif qui dépendra notamment de la capacité de l’industrie à construire des réacteurs « modèles » puis à les dupliquer, ce qui devrait permettre d’accélérer les délais et de réduire les couts.