Block 1 : Les actualités essentielles

Kraken : bientôt une fintech à part entière ? L’exchange s’ouvre aux actions et aux ETF

Kraken sort de sa zone de confort. Historiquement dédié aux cryptomonnaies, l’exchange américain vient d’annoncer l’ouverture du trading d’actions et d’ETF cotés aux États-Unis. Un tournant stratégique majeur, qui marque son entrée officielle dans l’univers de la finance traditionnelle. L’offre, déjà disponible dans une dizaine d’États américains, permet d’accéder à plus de 11 000 titres sans commission. Objectif : réunir cryptos, actions et ETF dans une seule interface, et simplifier la gestion des portefeuilles. Kraken pousse même plus loin, avec le trading fractionné et la réallocation instantanée entre classes d’actifs. Derrière cette extension se dessine une ambition plus large : faire converger marchés traditionnels et blockchain. Pour Arjun Sethi, co-PDG de Kraken, l’avenir du trading est « sans frontières, 24/7, et bâti sur les rails de la crypto ». Une vision partagée par le Nasdaq, qui planche déjà sur une bourse accessible en continu. Kraken prépare aussi son arrivée en Europe, avec dans ses cartons un service de paiement crypto soutenu par Mastercard.

Dette américaine : Larry Fink (BlackRock) alerte sur un risque de perte de confiance dans le dollar

La dette américaine dépasse les 36 000 milliards de dollars, et Larry Fink tire la sonnette d’alarme. Dans sa lettre annuelle aux actionnaires de BlackRock, il prévient : si les déficits continuent de gonfler, le statut du dollar comme monnaie de réserve pourrait vaciller — au profit d’actifs numériques comme bitcoin. Le PDG de BlackRock ne voit pas les cryptos comme une menace, mais comme une alternative crédible. Il qualifie la finance décentralisée d’« innovation extraordinaire », tout en reconnaissant que son essor pourrait affaiblir l’avantage économique des États-Unis si les investisseurs se tournent vers le BTC comme valeur refuge. BlackRock est d’ailleurs en première ligne : son ETF iShares Bitcoin Trust (IBIT) pèse déjà 50 milliards de dollars et détient plus de 500 000 BTC. Larry Fink voit également dans la tokenisation des actifs une révolution comparable à celle des ETF. Mais à une condition : résoudre la question clé de l’identité numérique.

Staking sur les ETF Ethereum : feu vert attendu pour mai 2025

Les ETF Ethereum peinent à convaincre depuis leur lancement, plombés par l’absence de rendement passif. Mais cela pourrait changer : selon Bloomberg, la SEC envisagerait d’autoriser le staking dès mai 2025. Un tournant potentiel pour ces produits qui, jusqu’ici, souffraient de la comparaison avec les ETF Bitcoin. L’ajout du staking — qui permet de générer des revenus en bloquant ses ETH — offrirait aux investisseurs institutionnels un levier de performance essentiel. D’autant que la SEC a déjà validé les options sur ETF Ethereum, signe d’un assouplissement réglementaire progressif. Pour Bloomberg, la décision finale pourrait tomber d’ici octobre, mais l’approbation pourrait arriver plus tôt. Sans staking, « ces ETF perdent en attractivité », affirme Robbie Mitchnick de BlackRock. L’enjeu est clair : si la SEC donne son feu vert, l’ETF Ethereum pourrait enfin rivaliser avec son homologue Bitcoin sur le terrain du rendement

Bitcoin utilisé dans les échanges d’énergie entre la Chine et la Russie

Selon plusieurs sources, Pékin et Moscou auraient commencé à utiliser le bitcoin comme moyen de paiement pour certaines transactions énergétiques. Une première discrète, mais révélatrice du rôle stratégique croissant du BTC dans les relations internationales. Le bitcoin séduit pour ses qualités uniques : transferts sans intermédiaire, résistance à la censure et sécurité maximale. Autant d’atouts qui en font un outil attractif dans un contexte géopolitique tendu, où les deux pays cherchent à s’affranchir du dollar. Ce choix s’inscrit dans une tendance plus large : plusieurs États — du Salvador aux États-Unis — stockent désormais du bitcoin comme réserve stratégique. Et même en France, le sujet s’invite dans l’hémicycle, preuve que la cryptomonnaie gagne en légitimité sur la scène mondiale.

Block 2 : L’Analyse Cryptique de la semaine

Stablecoins : le dollar numérique change de dimension

C’est une révolution silencieuse, mais elle gronde désormais aux portes du système financier. Loin des projecteurs braqués sur les flambées du bitcoin ou les montagnes russes d’ether (ETH), les stablecoins avancent. Leur promesse ? Une monnaie numérique adossée au réel, au dollar, à des bons du Trésor.

Nés pour servir de pont entre les monnaies traditionnelles et l’univers des crypto-actifs, les stablecoins étaient à l’origine un simple outil de passage. Une rampe de lancement pour investir sur les plateformes d’échange. Mais avec la crise du Covid, tout a changé. Ils sont devenus bien plus : un véritable moyen de paiement, une alternative crédible aux cartes, aux virements, voire à la monnaie sonnante et trébuchante.

Leur succès ? Il tient à quatre arguments implacables : rapidité, coût, transparence et accessibilité. Une transaction en stablecoin prend quelques secondes, coûte quelques centimes, s’enregistre de façon transparente sur une blockchain, et ne nécessite qu’un smartphone connecté. Pour envoyer 200 dollars à sa famille au Sénégal, il faut parfois 17 dollars via les réseaux classiques. En stablecoin ? À peine 20 centimes. La Banque mondiale l’a noté : les frais sont divisés par plus de 80 %.

Mais ce ne sont pas que des promesses. Ce sont déjà des volumes. En 2024, les stablecoins ont brassé près de 33 000 milliards de dollars sur l’année — soit 100 milliards par jour. À titre de comparaison, Visa traite environ 40 milliards, Mastercard autour de 25. Même si l’essentiel reste concentré sur les plateformes d’échange crypto, où ils servent d’actif de règlement, leur rôle dans le paiement pur s’étend. Hors plateformes, on estime entre 10 et 20 milliards de paiements quotidiens. De quoi inquiéter les géants du paiement traditionnels, mais aussi les banques centrales.

Car dans ce paysage, une ligne de fracture se dessine. Plus de 200 stablecoins sont en circulation, mais deux mastodontes dominent : USDT (Tether) avec 62% de parts de marché, et USDC (Circle) avec 26%. Ce dernier, en particulier, a vu sa capitalisation grimper de 8 % en quelques semaines pour franchir les 60 milliards de dollars. Et ce n’est pas anodin : depuis février, alors que les marchés s’enfoncent dans l’incertitude, les stablecoins montent. Tandis que les cryptos « volatiles » perdent 7%, les stablecoins ont gagné 4,5%. Leur part dans les transactions a bondi de 37% à 47% depuis janvier.

Stablecoins > Cryptos
Bloomberg

Pourquoi ? Parce qu’ils deviennent un abri. Un refuge dans la tempête pour les traders qui veulent sortir du marché sans retourner au système bancaire. Un « parking » liquide, sans fiscalité, rapide, ancré sur le dollar. Certains les comparent déjà à une version numérique du cash — sans banque, sans friction.

Mais ce qui pourrait bien changer la donne, c’est leur composition. Les stablecoins reposent sur des réserves : principalement des bons du Trésor américain à court terme. Alors que les obligations d’État longue durée subissent de fortes turbulences, ces bons courts rassurent. Ils donnent au stablecoin une stabilité que beaucoup d’actifs « réels » n’ont plus. Une ironie ? Peut-être. Mais une réalité à laquelle les investisseurs — et le Congrès américain — ne peuvent plus échapper.

La question devient alors politique. Car avec une capitalisation totale de 234 milliards de dollars — soit 10% de tous les billets et pièces de dollar en circulation — les stablecoins sont en train de redéfinir le périmètre même de ce que l’on appelle “monnaie”. À cette vitesse, ils ne seront bientôt plus périphériques.

Visa, de son côté, confirme que la majorité des flux restent liés au trading. Des bots, des arbitrages, des échanges entre plateformes. Mais la part des usages « réels », ceux qui concernent les paiements de tous les jours, est en hausse. Et avec l’arrivée prochaine de régulations claires aux États-Unis, les grandes banques se préparent : elles émettront leurs propres stablecoins, ou leurs cousins les « deposit coins », des dépôts bancaires tokenisés pour circuler sur la blockchain.

En somme, les stablecoins ne sont plus un gadget crypto. Ils sont en passe de devenir l’ossature du futur système de paiement. Et pendant que les monnaies numériques de banque centrale tardent à émerger, le secteur privé, lui, avance à pas de géant. 

Block 3 : Tops & Flops

Palmarès des cryptomonnaies
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Zonebourse

Block 4 : Lectures de la semaine

Les pirates informatiques les plus dangereux dont vous n’avez jamais entendu parler (Wired, en anglais)

TraderTraitor : Les rois du piratage de cryptomonnaies (Wired, en anglais)

Les États-Unis contre eux : les tarifs douaniers de trump et sa vision économique de la domination (The Conversation, en anglais)