Aux Antipodes, les établissements bancaires sont au cœur de révélations troublantes consécutives à un vaste audit mené par les autorités, dont le verdict a été rendu en février mais qui continue à défrayer la chronique. L'enquête a démontré des pratiques anciennes et jusque-là impunies, dont certaines étaient devenues de véritables traditions. Dessous-de-table versés pour obtenir des prêts hypothécaires, frais fantômes prélevés sur les comptes de personnes décédées… les exemples scandaleux sont nombreux.

Les autorités de régulation australiennes ne sont pas épargnées par les conclusions de l'audit, notamment parce qu'elles ont fait preuve d'une mansuétude incompréhensible dans certains des dossiers qu'elles ont eus à traiter. Le gouvernement a lancé une révision de la supervision des banques du pays et du contrôle des rémunérations des dirigeants, tout en saisissant la justice pour une vingtaine de cas.

Les quatre principales banques du pays, la Commonwealth Bank of Australia, la Westpac Banking, l'Australia and New Zealand Banking Group et National Australia Bank ont provisionné plus de 8 milliards de dollars australiens (5,4 milliards de dollars américains) pour rembourser leurs clients pour les frais surfacturés, les produits mal vendus et autres  conseils financiers non conformes.

Mais les choses ne s'arrêteront pas là. En octobre, l'autorité de la concurrence australienne, l'ACCC, a fait savoir qu'une enquête pourrait être lancée par le prisme de la concurrence dans le secteur des services bancaires de détail.

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Des centaines de millions en jeu

En novembre, les autorités australiennes ont lancé des poursuites contre Westpac pour plus de 23 millions d'infractions aux lois anti-blanchiment, ce qui avait évidemment fait grand bruit. La banque n'a pas nié sa mauvaise conduite. Le CEO et son chef de la conformité ont pris la porte. ABC s'est de son côté engagée à verser 25 MAUD (environ 17 MUSD ou 15,4 MEUR) à 41 000 de ses salariés ou anciens employés qui ont été sous-payés pendant des années, tandis que sa filiale d'assurance-vie a été condamnée pour démarchage abusif. L'établissement aura aussi à acquitter 700 MAUD pour ses manquements aux contrôles antiblanchiment. Chez ANZ, on s'est engagé à rembourser 3,4 millions de clients pour des frais abusifs. Enfin, la NAB est poursuivie pour sa fâcheuse habitude de facturer des frais imaginaires dans le domaine des conseils financiers.

Des amendes records pourraient émerger des affaires en cours, soit en justice soit dans le cadre de transactions avec les autorités. Les dirigeants de Westpac doivent avoir des sueurs froides à cause de l'ampleur des révélations sur les millions de procédures antiblanchiment ignorées. Ils pourraient d'ailleurs être personnellement mis en cause. D'autres noms ont commencé à circuler, en particulier ceux de filiales de grands établissements étrangers. La presse a notamment cité Citigroup et l'inévitable Deutsche Bank, dans le cadre d'une entente qui aurait permis de soutenir artificiellement les actions d'ANZ après 2015. JPMorgan Chase, qui fait partie des intermédiaires mis en cause, a négocié l'immunité en échange de sa collaboration dans l'affaire.