Créé en 2012, ce fonds de la Financière Arbevel est très diversifié, et son style difficilement identifiable. Une chose est sûre, il fait la part belle aux petites voire très petites valeurs françaises, de croissance surtout, et ce tous secteurs confondus. Avec un succès certain puisque sa valorisation a presque triplé en 7 années d’historique. Entretien.

 

Sébastien Lalevée, présentez-nous votre fonds : « Arbevel », « Pluvalca », « Initiatives PME  » … pourquoi ?

"Nous avons conservé les noms Arbevel et Pluvalca hérités de notre rachat de la société de gestion il y a 10 ans. Nous gérions alors 25 M€, contre 1,8 milliard d’euros aujourd’hui. Cela est passé par une diversification de la gamme et de bonnes performances, dans la durée. Le fonds Initiatives PME est né quelques années plus tard, en 2012. Nous avons ressenti à ce moment-là le besoin de créer un fond spécialisé sur les micro et small caps françaises, en complément de notre fonds Pluvalca France Small Caps, positionné sur les small et mid caps. A l’époque, un peu comme aujourd’hui, l’instabilité et l’insécurité poussait les investisseurs, de plus en plus passifs et guidés par les algorithmes, à privilégier les valeurs les plus liquides et les indices. Avec Initiatives PME, que je cogère avec Carine Beigbeder, l’idée est de confier de l’argent à des entrepreneurs volontaires, innovants et dotés d’une vision. La diversité de notre équipe de gestion et les 7 personnes qui contribuent directement au choix de valeurs se traduisent dans la diversité des idées et la faible concentration du fonds, réparti sur 69 valeurs."

Le fonds surperforme sa catégorie sur cinq ans. Source : Quantalys

A quoi ressemble la valeur idéale pour Initiatives PME ?

"Le portrait-robot d’une valeur d’Initiatives PME ? Une société dirigée par un management impliqué et visionnaire, positionnée sur un secteur en croissance structurelle, avec des perspectives de continuelle révision à la hausse des résultats. C’est donc une valeur qui serait dans les fonds sans en sortir, comme c’est le cas pour Esker qui était déjà dans les fonds que nous avons repris en 2009. La société est toujours gérée par son fondateur, la tendance structurelle du marché du logiciel est lourde, et les leviers d’internationalisation et de digitalisation permettent d’offrir toujours plus de services à plus de client. Quant à sa valorisation, il faut la regarder de façon dynamique, en prenant en compte les perspectives de croissance. Un ratio comme le PEG reflète bien la façon dont la valorisation est prise en compte dans nos décisions." 

Quel est le principal point fort et point faible des 2 premières lignes du fonds ?

"ECA constitue la première ligne du fonds actuellement. Cette société de robotique a gagné en 2019 un gros contrat avec la marine Belge, de plus de 400 M€ alors que la société réalise un peu plus de 100 M€ de chiffre d’affaires. Sa force réside dans la phase de renouvellement des contrats dans laquelle sont entrés de nombreux pays, ce qui pourrait déboucher sur d’autres contrats de ce type. Un point de vigilance bien sûr est la capacité de l’entreprise à monter en charge. Nous pensons que la culture industrielle d’ECA et du Groupe Gorgé, lequel est également en bonne place dans le fonds, doit permettre de relever ce challenge.

Notre deuxième position est Trigano, qui était déjà dans les fonds en 2009. Nous avons renforcé cette position lors du dernier avertissement sur les résultats, pour des raisons de valorisation particulièrement faibles pour ce leader européen. La société se paie 7x l’EBE contre 12x il y a 1 an et demi, alors qu’elle a renforcé sa position concurrentielle entre temps. Sa faiblesse est inhérente à son marché : l’achat d’un camping-car est reportable et l’environnement économique, ou politique concernant le Royaume-Uni, sont des aléas prépondérants."

Source : rapport mensuel du fonds à fin novembre

Les petites valeurs sont délaissées depuis début 2018 et les offres publiques se multiplient…comment voyez-vous 2020 pour les PME cotées ?

"Les PME cotées souffrent d’une double décote : vis-à-vis des grandes valeurs d’une part, alors qu’elles sont en plus forte croissance, et vis-à-vis des PME non cotées, valorisées en moyenne 25 à 30% au-dessus lors des transactions compte tenu de l’argent dont regorgent les fonds. Cela en fait un segment particulièrement intéressant pour 2020, avec une plus grande part accordée au stock-picking qu’en 2019, où le momentum et la liquidité furent les deux moteurs de performance. Les opérations qui se multiplient renforcent ce diagnostic. Dans nos fonds, nous en avons bénéficié tout récemment sur ITS Groupe et Weborama, avec des primes offertes par les initiateurs, les familles fondatrices, de respectivement 47% et 94%. Nous avons apporté à ces offres."

Les dossiers très volatiles ne vous font pas peur. S’il y avait une valeur qui pourrait plus que doubler en 2020, ce serait laquelle ?

"La société de semi-conducteurs Kalray, qui conçoit des processeurs dédiés aux data centers et à la voiture connectée. Avec une capitalisation boursière de 58 M€ et un chiffre d’affaires quasi nul pour l’instant, il s’agit d’un pari. 2020 sera l’année où l’on saura si leurs produits rencontrent leurs marchés."

Performance de Pluvalca Initiatives PME : point bleu sur le graphique de droite. Source : Quantalys

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