Zurich (awp) - La pandémie de coronavirus a mis un coup d'arrêt brutal à une année pourtant bien entamée pour le secteur du tourisme en Suisse. La fermeture obligatoire dès la mi-mars et l'arrêt quasi total subi en avril feront de 2020 une année à rayer des mémoires.

D'ici à ce que la demande reprenne, cela prendra beaucoup de temps, ont indiqué les responsables d'organisations touristiques mercredi dans une téléconférence. En Engadine, la saison d'hiver s'apprêtait à dépasser ses meilleures performances, enregistrées en 2019, a indiqué Jan Steiner de l'organisme de promotion de la région Engadine Saint Moritz.

A la mi-mars, la fermeture obligatoire a entraîné une chute de 60% des nuitées, provoquant un repli de 11% sur l'ensemble de la saison d'hiver 2019/2020. En avril, le repli s'est aggravé à -90%, a indiqué M. Steiner à l'agence de presse AWP: "c'est désastreux". Sur l'ensemble de l'année, un repli de 20 à 25% est escompté.

L'humeur est aussi sombre pour le responsable des remontées mécaniques du Rigi, Frédéric Füssenich: "nous sommes au coeur de la tempête". Même en pleine crise, les liaisons ont été garanties avec un service minimum pour les habitants. Une perte de 0,35 million de francs suisses est attendue sur la période mi-mars à début juin.

Déjà en 2019, le chiffre d'affaires de Rigi Bahnen a reculé de 1,1% à 29 millions, alors que le résultat opérationnel (Ebitda) a chuté de 7,8% à 7,1 millions. Au total, 40% des 935'000 passagers étaient étrangers.

"Cette année, nous nous attendons à ce que les touristes étrangers ne viennent pas", a indiqué M. Füssenich. Ni le chiffre d'affaires, ciblé à 30 millions ni l'Ebitda, prévu à 8 millions ne seront atteints. On peut s'attendre à un chiffre d'affaires de 17,5 millions, selon le directeur. Outre l'absence d'étrangers, il faut prendre en compte une arrêt quasi total de trois mois.

La réouverture est attendue le 8 juin et l'été devra être sensationnel pour que les touristes suisses soient au rendez-vous. D'ici 2021, les investissements sont suspendus et les coûts réduits, tandis que le chômage partiel aide beaucoup.

Le responsable du tourisme de la région Engelberg-Titlis, Andres Lietha, ne dresse pas un meilleur tableau. La région totalise 800'000 nuitées, or 40'000 nuitées se sont évaporées en mars et avril, entraînant une perte de chiffre d'affaires de 7 millions de francs suisses. Et pour mai, les perspectives sont également obstruées, "notre haute saison est d'avril à juin", car il est encore possible de skier sur le glacier.

Hôtels plus touchés

En outre, les touristes étrangers vont manquer à l'appel. "De juillet à novembre, 40'000 nuitées sont générées par des visiteurs étrangers". Les hôtels qui avaient misé sur la clientèle asiatique doivent urgemment changer leur fusil d'épaule et trouver de nouveaux clients. Par contre, les réservations dans les campings et les logements de vacances sont plutôt bonnes, a indiqué M. Lietha.

Pour les cinq hôtels Radisson en Suisse, les réservations ne sont pas exaltantes, a indiqué le responsable pour la Suisse Daniel Twerenbold. D'ici à ce que les visiteurs étrangers reviennent, il faudra attendre l'automne, estime-t-il. De plus, les coûts devraient augmenter en raison des mesures de protection.

Pour le secteur de la parahôtellerie, le solide démarrage en 2020 a été brutalement stoppé, a indiqué Janine Bunte, directrice générale d'Auberges de jeunesse suisse et présidente de Parahôtellerie Suisse. Outre les auberges de jeunesse, la faîtière représente les intérêts de TCS Camping, Reka, Interhome et BnB Switzerland.

"Entre 30 et 50% de notre chiffre d'affaires 2020 va partir en fumée", a souligné Mme Bunte. Un retour à la normalité est attendu pour juin, mais en aucun cas, les pertes ne pourront être rattrapées.

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