Avant le coup dans le rétro, je précise tout de suite que beaucoup, beaucoup de places financières sont fermées aujourd'hui : Japon, Chine, Royaume-Uni, Suisse, Brésil, Canada, Etats-Unis… Mais pas les marchés Euronext, ni la Bourse de Francfort par exemple, qui ont décidé de punir les fêtards. Parenthèse refermée. Pour préparer ma rentrée 2023, je suis allé voir ce que j'avais écrit il y a un an. Avec des intentions peu avouables en vérité puisque j'étais à la recherche d'une bonne formule à réutiliser pour vous entourlouper en recyclant des trucs que j'avais déjà écrits. Finalement, j'ai retrouvé des choses intéressantes, preuve que mes âneries sont parfois entrecoupées de moment de lucidité. En gros j'avais inauguré 2022 en rappelant que l'année serait faite d'un changement de paradigme monétaire avec une Fed qui aurait à manier la carotte et le bâton pour ménager la dynamique économique tout en jugulant l'inflation, avec en parallèle le sac et le ressac du coronavirus et des lignes de fractures géopolitiques qui se matérialisent en Ukraine, à Taiwan ou ailleurs. Le gros élément manquant dans ces vaticinations, c'est la crise énergétique en Europe, qui a découlé de la guerre en Ukraine. Mais manifestement, les dirigeants européens avaient aussi oublié de le prévoir.

Sur les marchés financiers, l'année fut rouge vif pour les actions et pour les obligations, je crois que vous l'aviez noté. Cette baisse concomitante est assez rare et n'a pas laissé beaucoup d'endroits aux investisseurs pour se cacher. Parmi les actifs en hausse en 2022, on retrouve le pétrole et le dollar. Sur les places boursières, le palmarès de l'année dernière montre le niveau de l'aversion au risque qui a frappé les actions de croissance américaines. Ces actions qui avaient été biberonnées à l'argent gratuit qui a eu cours pendant des années par l'entremise des banques centrales et des politiques publiques. Voilà à quoi ressemblent quelques variations d'indices en 2022, sachant que les actions américaines ont enregistré leur pire millésime depuis 2008 et qu'il faut remonter à 2018 en Europe pour avoir un bilan aussi mauvais :

  • Brésil (iBovespa) : +4,7%
  • Inde (SENSEX) : +4,4%
  • Norvège (OMX Oslo) : +2,9%
  • Royaume-Uni (FTSE 100) : +0,9%
  • Japon (TOPIX) : -5%
  • Australie (ASX) : -5,5%
  • France (CAC40) : -9,5%
  • Allemagne (DAX) : -12,4%
  • Hong Kong (Hang Seng) : -15,5%
  • Suisse (SMI) : -16,7%
  • Etats-Unis (S&P500) : -19,2%
  • Corée du Sud (KOSPI) : -24,9%
  • Etats-Unis (Nasdaq 100) : -33%

Au niveau sectoriel, l'énergie ressort encore comme la grande gagnante de l'année, ce qui avait déjà été le cas en 2021. Voilà le top / flop des secteurs, basée sur les indices MSCI ACWI :

  • Energie (+41%)
  • Santé (+9%)
  • Utilités & Financières ex-aequo (+2%)
  • Technologie (-26%)
  • Consommation discrétionnaire (-27%)
  • Télécoms (-35%)

(notez que si l'on prend en considération les sous-secteurs, la Défense occupe la seconde place sur le podium derrière l'énergie, pour des raisons que l'on peut aisément comprendre).

Pour résumer :

  • 2021 = année de la peur de rater quelque-chose (FOMO) et l'absence de placement plus enthousiasmant que les actions (TINA).
  • 2022 = année de la fin de l'argent gratuit, de la crise de l'énergie et du retour de l'Histoire.

Plutôt qu'écrire "que va-t-il se passer en 2023 ?", je vais me défiler en listant les grandes forces à l'œuvre. Primo, la politique monétaire plus austère qui domine partout. La question qui se pose maintenant est de savoir combien de temps ces politiques dureront et quel sera leur impact réel sur la dynamique économique. Secundo, la nouvelle donne énergétique, qui est un peu l'éléphant dans la pièce et qui a des répercussions profondes sur tout un tas de domaines, de l'économie à la géopolitique en passant par la politique budgétaire et les échéances électorales. Tertio, il faut garder un œil sur la Chine, où les autorités ont perdu le fil de la narration pandémico-économique. Pékin a l'air de changer totalement sa stratégie, ce qui sera source de volatilité avec des hauts et des bas en vue. Dans mon quarto, j'empile pêle-mêle les aléas climatiques, les bruits de bottes, les incidents crédit, l'attractivité des extrêmes, la répartition des richesses, etc. : tous ces désordres latents qui peuvent se matérialiser à tout moment.

Quant au scénario dominant des grands gestionnaires de fond, il pourrait se résumer par cette formule "l'année sera compliquée au niveau économique et sans doute meilleure pour les actions car elles anticipent le retournement du cycle… mais il faudra probablement attendre quelques mois avant que cela ne se matérialise".

Pour terminer, voici quelques nouvelles des derniers jours, si vous avez besoin d'un condensé d'actualités péri-saintsylvestrique :

  • Au Brésil, retour de Lula au pouvoir.
  • La zone euro compte un 20e membre depuis le 1er janvier : la Croatie est passée à la monnaie unique.
  • Pelé, Benoît XVI et Viviane Westwood ont disparu avant la fin de l'année 2022.
  • L'agenda macroéconomique de la semaine est dominé par l'inflation européenne de décembre, qui sera publiée par Eurostat mercredi. Elle devrait confirmer la décrue entrevue précédemment.
  • La nouvelle cocasse du weekend, c'est Taiwan qui propose son aide à la Chine face à la résurgence épidémique.
  • Plusieurs pays du monde ont restreint leurs frontières aux voyageurs chinois face au risque pandémique. En Europe, ça a commencé par tergiverser alors que Paris appelle à une harmonisation sur les vols en provenance de Chine.

Rares sont les marchés ouverts en Asie ce matin. Ou plutôt, je n'en ai trouvé que deux, la Corée du Sud, où le KOSPI perd 0,3% en fin de parcours (Séoul clôture à 8h30 heure de Paris), et l'Inde, où le SENSEX gagne 0,4% (clôture à midi). Le CAC40 gagnait 0,7% à 6521 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

S&P publiera la seconde lecture des indices PMI manufacturiers de décembre pour plusieurs pays, dont la France (9h50), l'Allemagne (9h55) et la zone euro (10h00).

L'euro se négocie 1,07 USD. L'once d'or démarre l'année à 1823 USD. Le pétrole affiche une tendance haussière, avec un Brent de Mer du Nord à 85,95 USD le baril et un brut léger américain WTI à 80,50 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 3,87%. Le bitcoin flirte avec 16 600 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Néant.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus pourrait prendre une parti minoritaire de la filiale Evidian d'Atos, selon Les Echos.
  • Le régulateur italien enquête toujours sur un cartel présumé dans le gaz, impliquant Eni, Engie, Edison (Electricité de France), Acea et Enel.
  • Alstom et Arcada vont moderniser 66 km de la ligne ferroviaire roumaine Cluj-Oradea.
  • Alten a annoncé le départ de son directeur général délégué, Gérald Attia, au 1er janvier 2023.
  • Guillaume d'Hauteville a démissionné de son poste de président du conseil d’administration de Deezer, remplacé par Iris Knobloch, va vice-présidente, dont il prendra le poste.
  • L'injection de rappel de COVID-19 de Valneva ne montre qu'une réponse marginalement plus élevée aux anticorps neutralisants.
  • La PDG de Navya, Sophie Desormière, a démissionné.
  • Biocorp émet 2,5 M€ de convertibles au profit de Vatel Capital, au prix d'une dilution théorique à terme de 17%.
  • Groupe Airwell lève 1,5 M€ à 3 EUR par action auprès de deux family offices norvégiens, qui ont aussi acheté des titres à l'actionnaire principal pour monter à 13,3% du capital.
  • TotalEnergies détache son dividende trimestriel.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Chevron va expédier du pétrole vénézuélien aux États-Unis pour la première fois depuis 2019.
  • Wolters Kluwer a racheté Della AI, une société qui a développé une intelligence artificielle pour les avocats et les professionnels du droit.
  • Ferrovial a cédé sa filiale britannique Amey à One Equity pour quelque 300 M€.
  • ING Groep a terminé son programme de rachat d'actions de 1,5 Md€ lancé le 3 novembre 2022.
  • Vestas remporte deux commandes portant sur 51 turbines éoliennes.
  • Pfizer détient 12% d'ORIC Pharmaceuticals.
  • Volvo Car monte à 100% de sa filiale de conduite autonome Zenseact.
  • Principales publications du jour : néant… Tout l'agenda ici.

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