(Actualisé avec déclaration de Xi Jinping § 7, mesures prises par la Russie § 14)

* L'épidémie a fait 361 morts en Chine, 17.205 cas confirmés

* La Bourse de Shanghai rouvre et dévisse de 7,7%

* La Chine face à un isolement croissant

* Pékin dénonce le comportement américain

par Ryan Woo et Winni Zhou

PEKIN, 3 février (Reuters) - Le bilan de l'épidémie de coronavirus 2019-nCoV s'est encore alourdi en Chine où le nombre de victimes s'élevait ce lundi à 361 morts, 57 de plus que la veille, et les craintes que suscite le virus se propagent désormais aux milieux économiques et financiers et à la sphère diplomatique.

Traditionnellement fermés pendant les congés du Nouvel An lunaire, les marchés d'actions chinois sont restés suspendus plus longtemps que d'habitude avant de rouvrir ce lundi et d'essuyer une débâcle spectaculaire, effaçant 400 milliards de dollars de valeur en l'espace d'une seule séance, terminée sur un repli de 7,7%.

La Banque centrale chinoise a décidé d'injecter 174 milliards de dollars dans les circuits monétaires pour tenter d'enrayer la panique, mais les observateurs sont désormais convaincus que le virus et les mesures prises pour freiner sa propagation auront un effet négatif sur la croissance chinoise.

Cette perspective a entraîné une baisse des cours du pétrole. Des sources ont déclaré lundi à Reuters que l'Opep et ses alliés songeaient à réduire de 500.000 barils supplémentaires leur production quotidienne.

Sur le terrain, l'épidémie continue de se propager et les autorités chinoises font désormais état de 17.205 cas confirmés de contamination au "coronavirus de Wuhan". S'exprimant sur Europe 1, l'ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, a par ailleurs évoqué le chiffre de "475 patients guéris".

Doté de 1.000 lits, l'un des deux hôpitaux construits en urgence à Wuhan devait accueillir ses premiers patients ce lundi, a annoncé la presse d'Etat chinoise. Le second, d'une capacité de 1.600 lits, doit ouvrir ses portes mercredi.

"Xi a déclaré que la prévention et le contrôle de l'épidémie de pneumonie concerne santé de la population, concerne l'économie et la stabilité sociale, et concerne l'ouverture de la Chine", rapporte l'agence Chine nouvelle.

Pékin a dénoncé ce lundi le comportement de Washington accusé d'avoir contribué à créer une atmosphère de panique au lieu d'apporter leur soutien.

Les Etats-Unis ont décrété samedi l'état d'urgence sanitaire et annoncé qu'ils refusaient l'entrée sur leur territoire aux ressortissants étrangers s'étant rendus en Chine, une mesure exceptionnelle imitée ce lundi par l'Australie.

"Tout ce qu'ils ont fait, c'est créer et répandre la peur, c'est un très mauvais exemple" a déploré lundi une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

LES ÉVACUATIONS SE POURSUIVENT

Parallèlement, de nombreux autres pays s'efforcent d'enrayer la propagation du virus en limitant les flux de personnes en provenance et en direction de la Chine tout en mobilisant leurs ressources pour rapatrier leurs ressortissants.

La France a ainsi accueilli dimanche un deuxième avion transportant 254 personnes originaires de 30 pays. Parmi eux, 64 Français venus s'ajouter aux 180 personnes rapatriées vendredi et placés en confinement dans la foulée.

Les Etats-Unis entendent poursuivre les évacuations d'Américains et la Russie a annoncé des rapatriements depuis Wuhan à partir de lundi tout en suspendant les liaisons ferroviaires avec la Chine. Moscou a également annoncé des restrictions à l'entrée sur le territoire russe des étrangers arrivant de Chine, tout en précisant que cette mesure ne concernait pas Chérémétiévo, le principal aéroport de la capitale.

Le coronavirus de Wuhan, dont les premiers cas ont semble-t-il un lien avec un marché d'animaux vivants de la ville, le Huanan South China Seafood Market, pourrait être d'origine animale, bien que la source initiale de contamination n'ait pas été formellement identifiée à ce jour.

"Comme les autres coronavirus, il se transmettrait lors de contacts étroits après l’inhalation de gouttelettes infectieuses émises lors d’éternuements ou de toux par le patient ou après un contact avec des surfaces fraîchement contaminées par ces sécrétions", selon Santé publique France.

Les ministres de la Santé du groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) doivent s'entretenir ce lundi à 14h00 GMT pour évoquer ce dossier et les progrès des recherches scientifiques lancées dans l'urgence.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a réaffirmé ce lundi qu'il était inutile de restreindre les transports internationaux et les échanges commerciaux dans l'espoir de freiner la propagation du virus.

"Nous appelons tous les pays à fonder leurs décisions sur des faits cohérents et scientifiquement établis", a-t-il dit au conseil d'administration de l'OMS.

(avec les bureaux de Reuters Version française Nicolas Delame)