Granges-Paccot FR (awp/ats) - Le projet Aquavia visant à exploiter durablement les eaux du lac de Neuchâtel entre dans sa phase d'étude en vue d'un démarrage des travaux en 2026. Mené par la commune d'Estavayer (FR), ArroBroye et le Groupe E, il représente un investissement de 160 millions.

Les partenaires du projet souhaitent continuer à mettre leurs forces en commun, afin de répondre aux besoins de la région en eau potable, en eau brute pour l'irrigation agricole ainsi qu'en chaleur et en froid de confort. Le démarrage des études est prévu l'an prochain, ont-ils fait savoir récemment devant la presse à Estavayer-le-Lac.

Aquavia rassemble trois partenaires aux besoins distincts, mais "nourrissant une même ambition": partager une infrastructure de base commune et nécessaire à tous, en utilisant une même ressource, l'eau du lac de Neuchâtel. Lancé en 2020, le projet a été redimensionné et affiné en vue d'aborder sa phase de concrétisation.

Mise à l'enquête

Sur la base des études de faisabilité initiées il y a deux ans, le comité de pilotage a décidé de poursuivre et d'entrer de plain-pied dans la phase d'étude d'avant-projet. La prochaine étape de ce projet d'envergure doit mener vers la procédure de mise à l'enquête planifiée pour 2025.

D'ici là, les partenaires devront élaborer des conventions tripartites pour définir leurs engagements financiers et leurs responsabilités. Du côté de l'association intercommunale ArroBroye, les engagements de tous les agriculteurs intéressés par l'irrigation de leurs parcelles devront être entérinés.

Pour sa part, le Groupe E va dès 2023 lancer la commercialisation des raccordements de chauffage à distance (CAD) sur les zones concernées. Les retours des clients seront prépondérants pour la suite du projet, prévient-il. La commune va de son côté soumettre au vote un crédit d'étude au Conseil général courant 2023.

Des synergies

Aquavia entend réaliser des synergies entre trois projets distincts. En premier lieu, la commune d'Estavayer développe un projet de nouvelle station de traitement qui doit assurer la sécurité d'approvisionnement en eau potable de la commune en doublant la capacité actuelle.

Ensuite, ArroBroye souhaite instaurer un réseau d'irrigation agricole dans la Broye vaudoise et fribourgeoise. L'objectif consiste à pouvoir mettre un terme au pompage dans les cours d'eau de la région, tout en maintenant la production agricole sur le long terme.

Enfin, le Groupe E vise à construire un nouveau réseau de fourniture de chaleur et de froid pour des quartiers résidentiels et industriels situés aux alentours de la gare. Pour rappel, Aquavia a été redimensionné à la suite du retrait en 2021 d'Estavayer Lait SA (Elsa), l'usine de transformation de lait de Migros.

Double rôle

Le projet prévoit la construction d'une station principale reliée à une nouvelle prise d'eau au lac, située à environ 40-50 mètres de profondeur. Une partie de l'eau sera traitée d'abord pour être rendue potable, puis acheminée vers un réservoir de 2500 mètres cubes qui alimentera le réseau d'eau potable de la région.

L'eau brute remplira pour sa part un double rôle. Elle remplira un réservoir de 1360 mètres cubes relié au réseau d'irrigation d'ArroBroye et fournira l'énergie nécessaire à l'artère énergétique qui sera construite par le Groupe E, reliée à trois centrales de production et de distribution d'énergie équipées de pompes à chaleur.

L'infrastructure pourra fournir 36 gigawattheures (GWh) d'énergie au total, soit 27 GWh de chaleur et 9 GWh de froid. Selon le Groupe E, une entreprise active principalement dans les cantons de Fribourg et de Neuchâtel, Aquavia représente une opportunité de concrétiser un projet moteur de la transition énergétique.