(Répétition sans changement d'une dépêche transmise dimanche)

par April Joyner

NEW YORK, 14 mai (Reuters) - Certains investisseurs à Wall Street font le pari que le secteur de la construction résidentielle est appelé à surperformer, même s'ils pourraient devoir attendre un peu pour récolter la mise en raison de la hausse attendue des taux d'intérêt aux Etats-Unis.

La situation de l'économie américaine semble fournir un cadre idéal à la progression des valeurs du secteur.

Le taux de chômage est au plus bas depuis l'an 2000; la confiance du consommateur n'a quasiment jamais été aussi élevée depuis 17 ans d'après les données de Conference Board; et la demande sur un marché immobilier pourtant déjà tendu est alimentée par la volonté de nombreux jeunes d'accéder à la propriété, remarquent plusieurs investisseurs.

Le département du Commerce publiera mercredi la statistique des mises en chantier en avril avant celle, le 23 mai, sur les ventes de logements neufs.

L'indice S&P Composite 1500 de la construction peine pourtant face au reste du marché. Il a perdu 16,6% depuis un pic atteint le 22 janvier, une baisse trois fois plus forte que celle du S&P-500 depuis son plus haut ce même mois. Mais il avait bondi de quasiment 75% en 2017.

"Ce n'est qu'une pause", dit Brian Macauley, cogérant de portefeuille chez Hennessy Focus Fund, actionnaire de NVR , l'une des cinq plus grandes entreprises du secteur par la capitalisation boursière. "A mesure que les fondamentaux vont devenir plus perceptibles, les actions vont mieux se comporter."

Aucun signe d'inquiétude face à une pénurie d'offre n'est encore apparu parmi les acquéreurs, tel qu'un basculement vers des logements plus petits ou une augmentation des emprunts à taux variable, affirme pour sa part Jack Micenko, analyste de Susquehanna Financial Group.

RÉFORME FISCALE DÉFAVORABLE

Autre motif d'intérêt pour les investisseurs, les faibles valorisations en Bourse. Le ratio cours sur bénéfice attendus à 12 mois de l'indice S&P-500 de la construction, qui ne comprend que Lennar, PulteGroup et D.R. Horton, est ainsi tombé à 9,5 contre 13,7 à la fin de l'année dernière. Le PER du S&P-500 est pour sa part à 16, contre 18,5 fin 2017.

"Il y a là des valorisations très attractives", estime Jonathan Woloshin, d'UBS Global Wealth Management.

Certains facteurs pourraient toutefois freiner la progression de ces valeurs à Wall Street, en premier lieu la hausse des rendements des emprunts du Trésor américain, reflet de l'inquiétude des investisseurs quant à une accélération de l'inflation aux Etats-Unis et à un relèvement plus agressif des taux d'intérêt de la part de la Réserve fédérale.

Le rendement à 10 ans des Treasuries sert de référence pour fixer les taux des emprunts immobiliers. Sa hausse entraîne un renchérissement du coût du crédit.

Or il est brièvement repassé récemment au-dessus de 3% pour la première fois depuis janvier 2014 et il est monté de plus de 50 points de base depuis le début de l'année.

Autre élément défavorable, la réforme fiscale adoptée en décembre par le Congrès américain a limité diverses déductions dont bénéficient propriétaires ou emprunteurs.

Lors de la présentation de leurs résultats trimestriels, les groupes de construction ont aussi évoqué la hausse des coûts des matériaux et du travail, même si cela n'a pas encore eu d'impact notable sur leurs marges.

"Ces facteurs indiquent qu'il pourrait y avoir des vents contraires à l'avenir", dit Michael Cuggino, président et gestionnaire de portefeuille chez Permanent Portfolio Funds, actionnaire de Lennar.

Les constructeurs dont les activités sont les plus variées aussi bien du point de vue de la gamme, des logements basiques aux résidences de luxe, que du point de vue de l'implantation géographique seront les mieux armés pour affronter ces écueils, ajoute-t-il. (Bertrand Boucey pour le service français)