(Reuters) - Boeing a accepté de verser plus de 2,5 milliards de dollars (2 milliards d'euros) dans le cadre de l'enquête du ministère américain de la Justice sur les deux accidents du 737 MAX qui ont fait 346 morts en 2018 et 2019, mais n'aura pas à plaider coupable dans le cadre des poursuites criminelles, a annoncé le ministère.

La somme comprend une sanction pénale de 243,6 millions de dollars, 1,77 milliard d'indemnités et la création d'un fonds de 500 millions de dollars pour les proches des victimes.

Les catastrophes aériennes d'octobre 2018 et mars 2019, qui ont entraîné l'immobilisation du 737 MAX pendant 20 mois, ont plongé l'avionneur américain dans la période la plus turbulente de son histoire, marquée par une multitude d'enquêtes à son encontre, un remaniement interne et de lourdes pertes financières. Le ministère américain de la Justice l'accuse de complot en vue de commettre une fraude.

"Les accidents tragiques du vol 610 de Lion Air et du vol 302 d'Ethiopian Airlines ont révélé la conduite frauduleuse et trompeuse des employés de l'un des principaux fabricants d'avions commerciaux au monde", a déclaré le procureur général adjoint par intérim David P. Burns.

"Les employés de Boeing ont choisi la voie du profit plutôt que celle de la franchise en dissimulant des informations importantes à la FAA (l'aviation civile américaine) concernant l'exploitation de son avion 737 Max et en s'engageant dans un effort pour dissimuler leur tromperie."

Boeing reconnaît dans des documents judiciaires que deux des pilotes d'essais de 737 MAX avaient trompé la Federal Aviation Administration au sujet d'un système de sécurité appelé MCAS impliqué dans les deux accidents.

L'accord "reconnaît à juste titre que nous n'avons pas répondu à nos valeurs et à nos attentes", dit David Calhoun, directeur général de Boeing, dans un communiqué.

Les avocats représentant des familles de victimes de l'accident du vol d'Ethiopian Airlines ont déclaré que l'accord renforçait leurs démarches au civil contre Boeing à Chicago.

Boeing a déjà réglé la plupart des litiges concernant le vol de Lion Air.

Pour le représentant Peter DeFazio, qui a supervisé une longue enquête sur les circonstances des accidents, cet accord "ne représente qu'une tape sur la main pour Boeing et est une insulte aux 346 victimes décédées des suites de l'avidité de cette entreprise."

(David Shepardson, version française Jean-Philippe Lefief et Camille Raynaud, édité par Blandine Hénault)