* Mario Draghi, qui présidait le G20, salue le succès du sommet

* Biden estime que la Chine et la Russie n'ont pas fait assez

* Le G20 s'engage à éliminer le charbon "dès que possible"

* Une ONG ne voit que des "demi-mesures" (Actualisé avec Biden)

par Gavin Jones, Crispian Balmer et Jeff Mason

ROME, 31 octobre (Reuters) - Les responsables des 20 premières économies mondiales ont adopté dimanche une déclaration appelant à une action "significative et efficace" pour limiter le réchauffement de la planète mais ont proposé peu d'engagements concrets, suscitant la colère des défenseurs de l'environnement.

L'absence de percée majeure au sommet du G20 est de mauvais augure avant l'ouverture de la COP26 sur le climat à Glasgow, où la plupart des dirigeants se rendront directement à la fin du sommet de Rome - à l'exception notable des présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine qui ne se sont pas déplacés dans la capitale italienne.

Le président américain Joe Biden s'est dit déçu par ce résultat, estimant que la responsabilité en incombait à la Chine et à la Russie qui n'avaient pas soumis de nouvelles propositions.

"La déception est liée au fait que la Russie et la Chine n'ont pas présenté d'engagements en matière de changement climatique", a déclaré Joe Biden à la presse.

Affichant en revanche son optimisme, le Président du conseil italien, Mario Draghi, a salué le résultat obtenu, qui conforte selon lui l'objectif affiché d'une limitation de la hausse du réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius.

"Nous avons fait en sorte que non seulement nos rêves se réalisent mais qu'ils progressent", a déclaré Mario Draghi lors de la conférence de presse de clôture, balayant les critiques des écologistes selon lesquelles les résultats ne sont pas à la hauteur de l'enjeu.

Le communiqué final est même moins ambitieux que les versions précédentes qui avaient circulé depuis samedi, la date-butoir de 2050 pour parvenir au "zéro émission nette" n'y figurant notamment plus.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a estimé ainsi que les résultats étaient en demi-teinte.

"Si je salue le réengagement du #G20 en faveur de solutions globales, je quitte Rome avec des espoirs déçus - mais au moins, ils ne sont pas enterrés", a-t-il déclaré.

Le communiqué final ne traduit aucun engagement nouveau laissant espérer une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, dont les experts et les organisations environnementales soulignent l'urgence pour éviter une catastrophe.

Tout effort supplémentaire s'est heurté aux réticences des plus gros émetteurs, dont l'Allemagne, le Brésil, la Chine, les Etats-Unis et l'Inde, qui pèsent à eux seuls 80% des émissions de CO2 mondiales.

"C'est le moment pour le G20 d'agir avec la responsabilité qui lui incombe en tant que principal émetteur de gaz à effet de serre. Pourtant, nous ne voyons que des demi-mesures plutôt que des actions concrètes et urgentes", a déclaré Friederike Roder, vice-présidente de Global Citizen, une association en faveur du développement durable.

RECUL SUR LE "ZÉRO ÉMISSION NETTE"

Le communiqué final reste très en deçà des espérances des experts, faute notamment de consensus sur le rythme auquel les plus gros pollueurs peuvent parvenir au "zéro émission nette".

Les experts des Nations unies jugent nécessaire d'y parvenir d'ici 2050 pour éviter un réchauffement qui devrait atteindre 2,7 degrés d'ici la fin du siècle sur la base des engagements actuels et si aucune mesure supplémentaire n'est prise.

La Chine, premier émetteur mondial, n'envisage cependant pas d'atteindre le zéro émission nette avant 2060, tandis que la Russie et l'Inde, deux autres gros pollueurs, n'ont pris aucun engagement à ce sujet.

Dans leur communiqué, les dirigeants du G20 reconnaissent l'importance de parvenir au "zéro émission nette" ou à la neutralité carbone "d'ici ou aux alentours de la moitié du siècle", sans ainsi faire référence à la date de 2050.

Ils ne s'engagent même plus à tout faire pour "réduire les émissions de manière significative", comme c'était le cas auparavant, se contentant de constater que la décarbonation de l'économie est "un des moyens les plus rapides, les plus faisables et les moins coûteux de limiter le changement climatique".

Les dirigeants du G20 s'engagent à coopérer sur le plan technologique pour aider les pays en développement à se passer des centrales électriques fonctionnant au charbon "dès que possible", et promettent de supprimer les subventions des énergies fossiles "à moyen terme" - des engagements là aussi trop vagues aux yeux des experts.

Plus concrètement, les pays du G20 ont annoncé la fin du financement international des centrales à charbon dès cette année. Il ne fixe en revanche aucune date pour l'élimination progressive de l'énergie au charbon, promettant seulement de le faire "dès que possible".

Le communiqué final reconnaît enfin "l'importance" de fournir aux pays en voie de développement les 100 milliards de dollars par an que les pays riches ont promis il y a 12 ans de leur verser à partir de 2020 pour les aider à lutter contre les conséquences du changement climatique. (Avec la contribution d'Angelo Amante, Elizabeth Piper, Jeff Mason, Andrea Shalal, Michel Rose, Giselda Vagnoni et David Ljunggren; version française Tangi Salaün et Jean-Michel Bélot)