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par Philip Blenkinsop

BRUXELLES, 28 juin (Reuters) - L'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur ont annoncé vendredi avoir conclu un projet d'accord commercial au terme de près de vingt ans de négociations.

Pour entrer en vigueur, le texte devra être ratifié par chacun des Etats membres de l'UE ainsi que par le Parlement européen. Et des obstacles pourraient émerger durant ce processus.

Le président brésilien Jair Bolsonaro a évoqué sur son compte Twitter un "accord historique" pour son pays. A Buenos Aires, l'Argentine a estimé que cet accord avec l'UE constituait une "association stratégique". Le Brésil et l'Argentine sont les deux principaux membres du Mercosur auquel appartiennent aussi le Paraguay et l'Uruguay.

Dans un communiqué, la Commission européenne se félicite d'un accord commercial "ambitieux, équilibré et global".

"Je pèse précautionneusement mes mots en disant que c'est un moment historique. En pleines tensions commerciales internationales, nous adressons aujourd'hui avec nos partenaires du Mercosur le signal fort que nous défendons un commerce basé sur des règles", a déclaré le président sortant de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Les négociations entre les deux blocs ont débuté en 2000. Il a fallu pas moins de 39 cycles de négociation pour parvenir à cet accord provisoire.

Mais plusieurs pays européens, dont la France, redoutent que l'accord se traduise par une forte augmentation des importations de boeuf en provenance de l'Amérique du Sud.

"NORMES ÉLEVÉES" ET ACCORD DE PARIS

En déplacement cette semaine au Japon, avant le sommet du G20 qui se tient à Osaka, le président français, Emmanuel Macron, a prévenu, avant la conclusion des négociations, qu'un retrait du Brésil de l'accord de Paris sur le climat interdirait à la France de soutenir l'accord commercial avec le Mercosur.

Des associations environnementales craignent pour leur part que cet accord n'aboutisse à une intensification de la déforestation au profit de l'élevage intensif.

La Commission européenne a précisé que l'accord, tout en générant des bénéfices économiques significatifs, défend aussi des "normes élevées".

"L'UE et le Mercosur, souligne-t-elle, s'engagent à mettre effectivement en oeuvre l'Accord de Paris sur le climat. Un chapitre dédié au développement durable abordera des questions comme la gestion durable et la préservation des forêts, le respect des droits du travail et la promotion d'une conduite responsable des affaires."

Les partisans de l'accord en Europe espèrent notamment un meilleur accès aux marchés automobiles sud-américains - les importations de voitures sont actuellement frappées de droits de douane à 35% - et aux marchés publics.

Côté Mercosur, on attend un accroissement des exportations de boeuf, de sucre, de volaille et d'autres produits agricoles.

Dans un communiqué, le gouvernement brésilien précise que l'accord prévoit d'éliminer les droits de douane sur plusieurs produits agricoles (Brasilia cite le jus d'orange, le café instantané et les fruits) et des quotas pour la viande, le sucre et l'éthanol.

Les deux blocs représentent un ensemble de 780 millions d'habitants. (avec Cassandra Garrison à Buenos Aires et Marcelo Teixeira à Sao Paulo Henri-Pierre André pour le service français)