Après près de trois ans où les actions américaines ont capté l’essentiel des flux, la dynamique semble s’être inversée. Sur les cinq derniers mois, de décembre 2024 à avril 2025, les ETF et fonds hors-US ont collecté 2.5 milliards de dollars.

Flux mensuels sur les fonds hors-US. Source : Morningstar direct, Financial Times

Tout cela dans un contexte où la parenthèse de l’exceptionnalisme américain semble se refermer et où les investisseurs s’inquiètent plutôt des effets des droits de douane sur la croissance aux Etats-Unis.

Si on prend un peu de recul, les Etats-Unis ont attiré depuis une quinzaine d’années l’essentiel des flux des investisseurs, jusqu’à représenter presque trois quarts de l’indice MSCI World fin 2024.

Tout le monde était donc un peu surexposé au marché américain. Et nous sommes probablement dans un grand rebalancement où la Chine et l’Europe, délaissés ces dernières années, retrouvent de l’intérêt auprès des investisseurs.

La Chine qui était devenue ininvestissable pour beaucoup de gérants, compte tenu du ralentissement de l’économie et de la mainmise du régime communiste. Et l’Europe, où le manque de croissance n’attirait pas les flux. Désormais, c’est la stabilité du Vieux continent qui est mise en avant et les espoirs d’un soutien budgétaire, via la relance allemande et les investissements dans la défense.

Cette dynamique de flux se retrouve dans la performance des indices depuis le début de l’année. Le S&P 500 est en baisse de 1% en 2025. Sur la même période, le Stoxx 600 gagne 10.5% et le Hang Seng 18%.

Enfin, les enquêtes vont aussi dans ce sens. Dans le très suivi Fund Manager Survey de Bank of America – une enquête mensuelle menée auprès des gérants - on constate que le trade "le plus peuplé" est long or. Un palmarès qui a été dominé pendant presque deux ans par les 7 Magnifiques.

Source : Fund Manager Survey, Bank of America

Cette rotation géographique sur les actions est donc probablement un mouvement de rééquilibrage entre une zone sur-représentée dans les allocations (les Etats-Unis), tandis que la Chine et l’Europe ont été délaissés ces dernières années.

Rien n’indique à ce stade que c’est une tendance de fond et que l’Europe continuera à surperformer les Etats-Unis. Dans une note publiée ce jour, Bank of America estime qu’une bonne partie du rallye a été fait : "Le récent rebond laisse les actions européennes anticiper une croissance mondiale plus forte, mais nous anticipons un ralentissement de la croissance mondiale dans les prochains mois."