Ces déclarations ont encore assombri le climat autour de cette manifestation bisannuelle, déjà boudée par de nombreuses entreprises du fait de la progression de l'épidémie au nouveau coronavirus 2019-nCoV, qui a désormais fait plus de 900 morts.

"Pour l'instant, tout est envisageable pour les prévisions de trafic pour cette année", a déclaré Andrew Herdman, directeur général de l'Association for Asia Pacific Airlines (APA).

Selon lui, les réductions du trafic programmées comme celles déjà mises en oeuvre s'élèvent à 50%, 60%, voire 70%, ce qui est "plutôt drastique".

D'après le cabinet de conseil britannique Ascend by Cirium, le nombre de vols prévus à destination, en provenance et à l'intérieur de la Chine a déjà diminué de 24% par rapport aux prévisions avant l'émergence de cette crise sanitaire.

La propagation de l'épidémie a d'ores et déjà dégarni les allées du salon aéronautique de Singapour, auquel 70 exposants ont renoncé à participer.

Lundi Honeywell et Leonardo, deux fournisseurs majeurs du secteur, ont également déclaré forfait.

Alors que généralement les salons aéronautiques sont marqués par des avalanches de gros contrats, celui de Singapour, qui se tient jusqu'à dimanche, ne devrait être ponctué que par de rares annonces.

Les organisateurs du salon ont précisé dimanche compter sur la présence de plus de 930 entreprises de 45 pays et prévoir 45.000 participants, contre 54.000 lors de l'édition 2018.

Quelques participants se sont étonnés en privé du maintien du salon, mais une annulation de cette manifestation se traduirait par des remboursements s'élevant à des dizaines de millions de dollars, selon une source chez un exposant qui a requis l'anonymat

L'organisateur du salon Experia Events n'a pas souhaité s'exprimer sur ce point.

Face à ces sombres perspectives, les acteurs du secteur s'interrogent sur l'impact de cette nouvelle crise sanitaire, qui pourrait mettre fin à un cycle d'expansion sans précédent, même si l'aérien a résisté au choc du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003.

"L'une des leçons du Sras est que le trafic a été affecté, mais aussi qu'il a rebondi en six à huit mois", a souligné Randy Tinseth, vice-président du marketing chez Boeing Commercial Airplanes.

(version française Claude Chendjou, édité par Myriam Rivet et Jean-Michel Bélot)

par Jamie Freed et Tim Hepher