Il y adeux mois, nous profitions de l’éclatement au grand jour de l’affaire Aristophil pour vous mettre en garde sur le danger d’investir dans les produits atypiques. Les derniers éléments de l’affaire ne font qu’inciter à la plus grande prudence.

Les ennuis de la société Aristophil ont débuté à l’automne dernier, quand la brigade financière a effectué des perquisitions au siège social de la société et ouvert une enquête pour escroquerie en bande organisée, soupçonnant l’existence d’un système pyramidal.
 
Suite à ces perquisitions, le site internet a été fermé, les comptes gelés, les collections placées sous scellées et les deux sociétés commercialisant les produits Aristophil (Finestim et ArtCourtage) ont cessé toute activité.
Désormais, c’est au tour du Musée des Lettres et Manuscrits, musée privé exposant certaines des œuvres acquises par les investisseurs, de fermer ses portes.
 
Indépendamment de l’enquête judiciaire en cours, la société Aristophil a été placée en redressement judiciaire le 16 février, par le Tribunal de commerce de Paris. Pour information, une société est placée en redressement judiciaire lorsqu’elle est en état de cessation de paiements, c’est-à-dire lorsque son actif disponible est insuffisant à couvrir son passif exigible, mais qu’il subsiste une possibilité de redressement de l’activité. Cette procédure permet à l’administrateur judiciaire, temporairement aux commandes de la société, d’apurer son passif et de réaliser le bilan tant économique que social de celle-ci.
Nous en saurons plus dans deux mois, à l’issue de la période d’observation. Trois situations seront alors possibles : la continuation de l’activité, avec la même équipe dirigeante ou avec un repreneur ; la cessation partielle d’activité ; ou l’ouverture d’une liquidation judiciaire s’il s’avère que la situation de la société est irrémédiablement compromise.
 
En l’état actuel des choses, le remboursement des investisseurs semble malheureusement peu probable et ce, pour trois raisons.

Raison n° 1 : Les contrats d’acquisition qu’ils ont signés ne contiennent, contrairement à ce qui a pu leur être affirmé afin de les inciter à investir, aucune garantie de rachat par Aristophil. Tout au plus ont-ils consenti une promesse de vente, c’est-à-dire l’engagement de revendre leur investissement à une date donnée. Mais encore leur faudra-t-il trouver un acquéreur !

Raison n° 2 : Même si les investisseurs parviennent à trouver un acquéreur, il est peu probable qu’ils parviennent à percevoir le rendement, souvent annoncé, de 8% par an, ni même qu’ils rentrent dans leurs frais. Il semble en effet que le marché de l’art ait été largement animé et surévalué par la société Aristophil elle-même au cours de ces dernières années.

Raison n° 3 : Selon les informations recueillies par l’UFC-Que Choisir, alors que les investisseurs pensent être devenus propriétaires de tout ou partie de lettres et manuscrits bien déterminés, la réalité serait tout autre : « titres de propriété » dépourvus de toute valeur juridique, ventes multiples d’une même œuvre, voire impossibilité de lier certains investissements à une quelconque œuvre. La situation comptable de la société serait ainsi des plus troubles et nécessiterait plusieurs années d’enquête avant d’être aplanie.
 
Si tout cela est avéré, la responsabilité de la société Aristophil devra être mise en cause, cela ne fait aucun doute. Mais il ne faudra pas oublier dans toute cette histoire la responsabilité de certains conseillers en gestion de patrimoine, au mieux négligents, au pire peu scrupuleux, n’ayant pas hésité à faire croire, à tort, à un rendement garanti et ayant incité certains clients à investir une partie conséquente de leurs économies dans ces produits atypiques.