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KABOUL, 21 octobre (Reuters) - Les élections législatives en Afghanistan, perturbées samedi par des problèmes logistiques et marquées par un attentat suicide dans la capitale Kaboul, ont été prolongées ce dimanche, malgré les risques sécuritaires et les soupçons de fraude électorale.

Plusieurs centaines de bureaux de vote à travers le pays sont restés fermés samedi, souvent par absence du personnel électoral.

Toutefois le taux de participation a été plus fort que ne le laissaient supposer les nombreux obstacles que devaient affronter les électeurs.

Un attentat suicide, survenu samedi dans un quartier du nord de Kaboul, a fait au moins 15 morts - dix civils et cinq policiers. Il n'a pas été revendiqué.

"Il faut saluer l'enthousiasme et la participation des Afghans malgré les menaces, les actes d'intimidation et les attentats", a déclaré un haut responsable international chargé de la sécurité.

"Le processus électoral devra être examiné à la loupe parce qu'il est clair qu'il y a eu de multiples défaillances", a-t-il toutefois ajouté.

Selon des représentants de la commission électorale, environ trois millions de personnes ont pris part au scrutin samedi.

La Fondation d'Afghanistan pour la transparence des élections, un groupe de la société civile, a annoncé que plus d'un million d'électeurs ont voté à Kaboul. La participation a cependant été très faible dans les provinces, a-t-elle précisé par la voix de son directeur, Naeem Ayubzada.

L'équipement biométrique utilisé pour vérifier l'identité des électeurs a été livré à la dernière minute sans avoir été testé au préalable et semble notamment avoir causé d'importants problèmes.

La Commission électorale indépendante a décidé d'ouvrir 401 bureaux de vote dimanche et de recourir à 500 représentants supplémentaires. De nombreux observateurs indépendants du scrutin ont craint de se rendre dans les bureaux de vote à cause des menaces sécuritaires.

"Ce n'est pas le scénario idéal", a déclaré un responsable de la sécurité.

Plus de 120 attaques à la grenade ou à l'aide d'engins explosifs improvisés ont été recensées dans le pays mais ne visaient pas directement les bureaux de vote, cherchant plutôt à effrayer les électeurs sans faire de victimes, ont dit samedi les services de sécurité.

Les accusations généralisées de fraude constituent un problème supplémentaire pour la légitimité du processus, considéré comme une étape indispensable avant l'élection présidentielle prévue en avril 2019.

Selon la Fondation d'Afghanistan pour la transparence des élections, cette extension du scrutin ouvre la voie à une fraude, alors que les urnes étaient laissées à moitié vides dans certains bureaux de vote samedi soir. (Rupam Jain; Jean Terzian, Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)