Londres (awp/afp) - L'or a frôlé son record historique en fin de semaine, galvanisé par un marché du travail en berne aux États-Unis, pointant vers des baisses des taux directeurs américains et un dollar plus faible, et par une prime de risque géopolitique.
"Les tensions géopolitiques élevées et les espoirs persistants de baisses de taux de la Réserve fédérale (Fed) ont créé des conditions favorables" à l'investissement dans l'or, résume Han Tan, analyste à Exinity, dans une note destinée à l'AFP.
Car si la banque centrale américaine a maintenu mercredi ses taux directeurs à leur plus haut niveau depuis 20 ans, dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, elle a ouvert la voie à une baisse en septembre.
Après la publication d'un rapport sur l'emploi signalant un chômage plus élevé que prévu et moins de créations d'emplois qu'attendu aux États-Unis en juillet, le métal jaune s'est hissé à un souffle de son plus haut absolu de la mi-juillet, où il avait atteint 2.483,73 dollars l'once, avant de retomber quelque peu.
Or la Fed pourrait réduire ses taux en septembre, désormais préoccupée par une augmentation du chômage et non plus seulement de l'inflation.
Des taux d'intérêt moins élevés induiraient un dollar et des rendements des bons du Trésor plus faibles, pouvant renforcer l'attractivité du métal jaune, valeur refuge qui leur est concurrente.
D'ailleurs, "l'or profite de son rôle de valeur refuge", relève Carsten Fritsch, de Commerzbank, après des frappes meurtrières qui ont visé un commandant du Hezbollah, Fouad Choukr, mardi dans la banlieue sud de Beyrouth, puis le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué mercredi à Téhéran.
La première attaque a été revendiquée par Israël, la seconde lui est imputée par l'Iran et ses alliés.
Ces attaques ont ravivé les craintes d'une extension de la guerre à l'ensemble du Moyen-Orient, entre Israël d'une part, et l'Iran et les groupes qu'il soutient au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen d'autre part.
Vers 15H10 GMT (17H10 à Paris), l'once d'or refluait de 1,16% à 2.417,70 dollars, comparé à vendredi dernier à la clôture.
Le cuivre se fige
Les prix du cuivre sont restés stables sur la semaine, des indicateurs économiques moroses compensant les craintes quant à l'approvisionnement en cuivre, en particulier venant de la plus grande mine de cuivre au monde.
"Bien que le prix du cuivre se soit déjà quelque peu redressé" en fin de semaine, "les nombreux indicateurs moroses dans le secteur manufacturier ont laissé des traces", note Barbara Lambrecht, de Commerzbank.
"Non seulement le sentiment s'est encore dégradé en Chine", mais "l'indice ISM aux États-Unis a également déçu", explique-t-elle.
L'activité manufacturière en Chine a en effet connu en juillet sa première contraction de l'année, selon un indice indépendant publié jeudi, confirmant la situation reflétée par les données officielles sur fond de reprise inégale dans le pays.
Parallèlement, aux États-Unis, l'activité manufacturière a enregistré un quatrième mois de baisse d'affilée en juillet, et s'est encore dégradée, toujours pénalisée par les taux élevés qui pèsent sur la consommation et l'investissement, selon les données publiées jeudi par la fédération professionnelle ISM.
Fortement utilisé dans l'industrie, notamment pour la confection de circuits électriques, le cuivre est aussi un instrument reflétant l'état de santé de l'économie mondiale, d'où son surnom de Docteur Cuivre (Dr Copper). Le cuivre est donc très sensible à l'activité des grands pays consommateurs de métaux.
Côté offre, le syndicat des travailleurs d'Escondida, la plus grande mine de cuivre du monde située dans le nord du Chili, a appelé à la grève jeudi après avoir rejeté une proposition de convention collective formulée par leur employeur.
Les craintes de paralysie de la mine compensaient ainsi les inquiétudes quant à la demande mondiale, permettant aux prix de se maintenir.
Sur le LME, la tonne de cuivre coûtait 9.085 dollars, contre 9.111 dollars sept jours plus tôt à la clôture.
Chute de sucre
Les cours du sucre ont baissé sur la semaine, lestés par les attentes d'une production abondante au Brésil et en Inde, en raison d'un temps favorable à la récolte.
"La météo indienne a continué à montrer un bon volume de pluie", de quoi rassurer pour la production à venir, commentent les courtiers d'ED&F Man.
Au Brésil également, malgré une production inférieure aux attentes des observateurs du marché, "le bon début de la récolte se traduit tout de même par une production de sucre plus élevée en glissement annuel", note ED&F Man.
Ils estiment que la récolte actuelle est supérieure de 1,6 million de tonnes à la récolte précédente.
Le Brésil et l'Inde sont les plus grands producteurs de sucre au monde.
A New York, la livre de sucre brut pour livraison en octobre valait 18,04 cents, contre 18,42 cents sept jours auparavant.
A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en octobre également valait 516,30 dollars contre 526,70 dollars le vendredi précédent à la clôture.
emb-lul/ved/LyS