(Actualisé avec désignation 'administrateurs et prêt relais gouvernemental)

ROME, 2 mai (Reuters) - Alitalia a demandé mardi au gouvernement italien la nomination d'un administrateur extraordinaire, ouvrant la voie à une procédure qui devrait déterminer si la compagnie aérienne peut-être restructurée, vendue ou purement et simplement démantelée.

Cette décision a été prise mardi par le conseil d'administration de l'entreprise après le rejet par les salariés du dernier plan de restructuration, qui prévoyait des suppressions de postes et des baisses de salaires, empêchant ainsi la compagnie de solliciter auprès de ses actionnaires actuels les capitaux nécessaires au maintien de son activité.

Le gouvernement italien a nommé trois administrateurs qui seront chargés de déterminer si Alitalia peut être restructurée et survivre, soit en tant qu'entreprise indépendante soit via une vente totale ou partielle, ou si elle est vouée à être liquidée.

Rome a aussi donné un ballon d'oxygène à la compagnie en garantissant un prêt-relais de 600 millions d'euros pour une durée de six mois, correspondant à la période d'observation.

"Nous voulions protéger les passagers disposant de billets et les salariés d'Alitalia jusqu'à ce qu'un acheteur approprié soit trouvé pour présever la valeur de la compagnie qui a une marque historique et qui est si importante pour les transports nationaux", a dit le ministre italien des transports Graziano Delrio, à des journalistes à l'issue d'un conseil des ministres.

Luigi Gubitosi, qui devait prendre la présidence d'Alitalia si le dernier plan de restructuration avait été adopté, figure parmi les trois administrateurs désignés, qui ont six mois pour élaborer un plan pour la compagnie.

A l'issue d'une réunion avec les actionnaires, le conseil d'administration d'Alitalia a motivé son choix par la situation état économique dans laquelle se trouve la compagnie, la réticence de ses investisseurs à investir des capitaux frais et l'impossibilité de trouver rapidement une solution alternative.

Un conseil des ministres sur le sujet était prévu dans la journée, selon deux sources.

La compagnie ne prévoit pour le moment aucun changement dans son programme de vols.

Alitalia a besoin d'une "restructuration cruciale et de grande envergure pour survivre et se développer à l'avenir", a déclaré James Hogan, le directeur général d'Etihad Airways, la compagnie des Emirats arabes unis actionnaire à 49% de l'italienne.

12.500 SALARIÉS, UN ENJEU POLITIQUE ET SOCIAL

"Sans le soutien de toutes les parties prenantes à cette restructuration, nous ne sommes pas prêts à continuer d'investir", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Alitalia perd environ un million d'euros par jour et pourrait se retrouver à court de liquidités d'ici la mi-mai sans l'aide de l'Etat, ont dit des sources.

Des compagnies aériennes concurrentes telles que Lufthansa et Norwegian Air ont montré peu d'intérêt au rachat d'Alitalia et les créanciers ont refusé de prêter davantage, ce qui a accru la pression sur le gouvernement pour trouver un moyen de sauver la compagnie.

Le gouvernement a exclu une renationalisation d'Alitalia, ex-fleuron de l'économie italienne qui n'est jamais parvenue à s'adapter à la concurrence des compagnies à bas coûts tels que Ryanair et EasyJet et qui a été privatisée en 2008.

Lassés par les plans de sauvetage à répétition qui ont coûté aux contribuables plus de sept milliards d'euros en dix ans, de nombreux Italiens exhortent le gouvernement à résister à la tentation de se précipiter à nouveau au chevet du groupe.

Mais avec les élections législatives prévues en mai 2018, peu d'observateurs voient le Parti démocrate (PD) au pouvoir prendre le risque de laisser tomber Alitalia et ses 12.500 salariés.

L'ancien président du Conseil Matteo Renzi, réélu dimanche à la tête du PD, a déclaré qu'il présenterait un plan pour la compagnie aérienne d'ici la mi-mai et qu'elle ne devait pas être démantelée. (Alberto Sisto, Giuseppe Fonte et Massimiliano di Giorgio, avec Alexander Cornwell à Dubai; Bertrand Boucey et Claude Chendjou pour le service français, édité par Marc Angrand)