BERLIN (Reuters) - Le climat des affaires en Allemagne a bénéficié d'une embellie inattendue en mai grâce à la reprise de l'activité dans les services, qui a compensé l'impact de l'inflation, des tensions dans les chaînes d'approvisionnement et de la guerre en Ukraine, montre lundi l'enquête mensuelle de l'institut d'études économiques Ifo.

Son indice du climat des affaires est remonté à 93,0 après 91,9 (révisé) en avril alors que les économistes et analystes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une baisse à 91,4 après 91,8 annoncé initialement pour avril.

L'Ifo ajoute dans un communiqué qu'il n'observe pour l'instant "aucun signe mesurable d'une récession".

"L'économie allemande fait preuve de résilience", a déclaré à Reuters Klaus Wohlrabe, économiste de l'Ifo, ajoutant que les entreprises de services bénéficiaient de l'assouplissement des restrictions sanitaires, notamment dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie-restauration.

Mais la situation est plus difficile dans l'industrie.

"Il n'y a aucun signe de résorption des goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement", a dit Klaus Wohlrabe, ajoutant que la demande de produits industriels ralentissait et que les anticipations en matière de prix se détérioraient même si la hausse globale des prix restait à l'ordre du jour.

Selon les chiffres officiels publiés vendredi, les prix à la production en Allemagne ont augmenté de 33,5% sur un an en avril, leur plus forte hausse jamais enregistrée, en raison notamment de l'envolée des prix de l'énergie provoquée par la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie.

Pour Alexander Krüger, économiste de la banque privée Hauck Aufhäuser Lampe, l'inflation et les goulets d'étranglement logistiques risquent de compromettre la reprise de la consommation et "le point d'interrogation sur l'accélération de la reprise économique au second semestre 2022 est de plus en plus gros".

Le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a déclaré vendredi lors d'une réunion ministérielle du G7 que l'inflation devait rapidement être ramenée à 2% et que les banques centrales avaient une "grande responsabilité" en la matière.

(Reportage Miranda Murray et Rachel More, version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)