Le moral des chefs d'entreprise en Allemagne s'est amélioré pour le cinquième mois d'affilée en septembre, montre jeudi l'enquête de l'institut Ifo, un signe positif pour la première économie d'Europe, dont la reprise reste toutefois exposée à la résurgence de l'épidémie de coronavirus.

L'indice Ifo est remonté à 93,4, son plus haut niveau depuis février, après 92,5 (chiffre révisé) en août. Le consensus établi par Reuters l'attendait à 93,8.

"L'économie allemande se stabilise malgré l'augmentation du nombre d'infections", a déclaré le président de l'Ifo, Clemens Fuest, dans un communiqué. Il a ajouté que les entreprises avaient une nouvelle fois jugé que leur situation commerciale actuelle était meilleure que le mois précédent.

Cette évolution est comparable à celle observée en France, où l'indice Insee du climat des affaires a lui aussi atteint son plus haut niveau depuis février.

L'économie allemande s'est contractée de 9,7% au deuxième trimestre avec la chute simultanée de la consommation des ménages, de l'investissement des entreprises et du commerce extérieur liée à la pandémie de coronavirus. Ce choc a incité le gouvernement à multiplier les mesures de soutien aux entreprises et de relance de l'activité.

Ces initiatives, qui incluent l'indemnisation par l'Etat fédérale du chômage partiel et une baisse temporaire de la TVA, semblent avoir porté leurs fruits dans l'industrie puisque le moral des patrons du secteur s'est nettement amélioré, grâce aussi au rebond des perspectives à l'export, précise l'enquête de l'Ifo.

La situation est moins encourageante dans les services, où le sentiment des dirigeants d'entreprise interrogés s'est dégradé pour la première fois en cinq mois, note Klaus Wohlrabe, économiste de l'institut, en signalant une dégradation du climat des affaires dans le tourisme et l'hôtellerie avec la remontée du nombre des cas d'infection ces dernières semaines.

Pour le troisième trimestre, l'Ifo prévoit une croissance de 6,6% du produit intérieur brut (PIB) allemand par rapport à avril-juin, a précisé Klaus Wohlrabe; la croissance devrait ensuite revenir à 2,8% sur les trois derniers mois de l'année.

Pour Fritzi Koehler-Geib, l'économiste en chef de l'Ifo, les résultats de l'enquête montrent que la partie "facile" de la reprise est terminée, d'autant que les chiffres de l'épidémie remontent dans de nombreux pays étrangers figurant parmi les partenaires commerciaux importants de l'Allemagne.

"La politique sanitaire comme la politique économique doivent désormais se concentrer sur les moyens d'assurer que l'embellie économique se poursuit à un rythme satisfaisant même après la croissance record du PIB attendue au troisième trimestre", a-t-elle dit.

(Michael Nienaber et Rene Wagner, version française Blandine Hénault et Marc Angrand)