par Madeline Chambers

BERLIN, 18 juin (Reuters) - L'Union chrétienne-sociale (CSU), alliée de la CDU d'Angela Merkel, doit décider lundi si elle met en oeuvre son plan visant à limiter l'immigration à la frontière allemande au risque de déstabiliser la coalition au pouvoir mise péniblement en place par la chancelière.

Les tensions sur le dossier de l'immigration se sont accumulées entre la chancelière et ses alliés conservateurs bavarois la semaine dernière. Mais des signes de compromis ont été observés dimanche : le ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, qui est aussi président de la très conservatrice CSU, a déclaré que le conflit pouvait être surmonté.

Horst Seehofer veut que l'Allemagne ait le droit de renvoyer les migrants déjà enregistrés dans un autre Etat de l'UE, mais Angela Merkel s'oppose à tout geste unilatéral qui annulerait sa politique d'ouverture de 2015 et porterait atteinte à son autorité.

Cela représenterait également un revers pour le système de libre-circulation de l'espace Schengen de l'UE.

Si Horst Seehofer devait défier la chancelière en faisant appliquer le plan lundi, Angela Merkel serait très certainement obligée de le limoger.

Dans ce contexte tendu, il a même été question de faire voler en éclat l'alliance vieille de 70 ans entre la CSU et l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel.

COHÉSION

Dans ce cas de figure, la coalition droite-gauche au pouvoir en Allemagne entre la CDU-CSU et le Parti social-démocrate (SPD), pourrait perdre sa majorité parlementaire.

Dans une tribune publiée dans le quotidien Frankfurter Allgemeine, Ernst Seehofer a souligné que la cohésion de l'Europe et de l'Allemagne étaient en jeu.

"La situation est grave mais elle peut être surmontée", écrit-il. Il est crucial de conclure un accord lors du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne des 28 et 29 juin, a-t-il ajouté.

Il a appelé les membres de l'UE à garantir la protection de ses frontières extérieures, à répartir équitablement les personnes autorisées à rester entre Etats membres et à renvoyer rapidement ceux qui ne possèdent pas ce droit.

Angela Merkel estime elle aussi qu'une solution doit être trouvée au niveau européen et veut rencontrer la Grèce, l'Italie et l'Autriche pour parler accords bilatéraux avant le Conseil européen.

Ces accords seraient du même genre que l'accord conclu entre la Turquie et l'UE en 2016, par lequel la Turquie s'est engagée à ne pas laisser passer les migrants vers l'Union européenne en échange de certains avantages.

Selon le quotidien Bild, la CSU donnerait à Merkel deux semaines avant le Conseil européen pour obtenir une solution européenne avant de songer à la contrer et à appliquer le plan de Horst Seehofer. Cependant, le secrétaire général de la CSU a démenti les informations du Bild.

La montée en puissance du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) est largement imputée à la politique d'Angela Merkel de portes ouvertes en matière d'immigration. (Danielle Rouquié pour le service français)