par Christoph Steitz et Paul Carrel

FRANCFORT/BERLIN, 20 septembre (Reuters) - Le social-démocrate Olaf Scholz a repoussé dimanche soir, lors d'un débat électoral télévisé, une ultime attaque de son rival conservateur Armin Laschet pour conforter sa position de favori pour succéder à la chancelière Angela Merkel à l'issue des élections législatives du 26 septembre.

Ce troisième et dernier débat avant le scrutin se déroulait dans un contexte de pression accrue sur les épaules d'Armin Laschet, le candidat du bloc conservateur CDU-CSU, donné derrière le chef de file du SPD dans les intentions de vote.

Olaf Scholz, l'actuel ministre des Finances, a mis en avant des questions sociales pour lancer des piques à destination de son rival, réitérant sa promesse de porter à 12 euros le salaire horaire minimal, une mesure à laquelle la CDU s'oppose.

"Mr. Laschet, cela pourrait être la différence entre vous et moi. Je ne fais pas cela parce qu'il y a actuellement une campagne électorale. Je fais cette demande depuis des années", a dit Olaf Scholz.

"A mes yeux, il s'agit de la dignité des citoyens. Cela est, cependant, ce qui nous distingue peut-être sur cette question", a-t-il ajouté.

Un sondage organisé dans la foulée du débat a désigné Olaf Scholz comme le vainqueur de la soirée, devant Armin Laschet et la cheffe de file des Verts, Annalena Baerbock, confortant l'impression laissée à l'issue des deux premiers débats.

Plus tôt dans la journée, la dernière enquête INSA pour le journal Bild am Sonntag créditait le SPD de 26% d'intentions de vote, un nombre stable par rapport à la semaine précédente, tandis que l'alliance conservatrice CDU-CSU d'Angela Merkel était donnée à 21% (+0,5).

Dans les sondages, l'écart est plus grand encore lorsqu'il s'agit de mesurer la popularité des différents candidats à la chancellerie, ce qui montre à quel point la tâche s'annonce difficile pour Armin Laschet face à Olaf Scholz.

Les enquêtes d'opinion laissent entrevoir aussi un paysage politique très fragmenté, alors qu'un nombre croissant d'électeurs se tournent vers les petits partis, alimentant différentes hypothèses sur les contours de la future coalition.

Le Parti libéral-démocrate (FDP), qui pourrait se retrouver dans une position de faiseur de roi, a refusé de rejeter le scénario d'une alliance avec le SPD et les Verts, comme le demandait la CDU. "Nous ne recevrons pas d'ordres" de la CDU, a déclaré le chef de file du FDP, Christian Linder, lors d'un événement organisé dimanche.

De son côté, Olaf Scholz a affiché sa préférence pour une coalition avec les Verts, crédités de 15% d'intentions de vote.

Berlin espère que les discussions post-électorales, qui s'annoncent compliquées, seront plus rapides qu'il y a quatre ans - six mois s'étaient écoulés entre les législatives et l'entrée en fonction du gouvernement.

"J'avertis contre la perte de temps inhérente à toute lenteur dans la formation du gouvernement", a dit à Reuters le secrétaire général de la chancellerie, Helge Braun. "Il est légitime de demander aux partis d'exprimer rapidement après les élections leurs préférences en matière de coalitions, afin de ne pas perdre du temps indéfiniment dans les discussions". (avec Andreas Rinke et Alexander Ratz; version française Jean Terzian)