Berlin (awp/afp) - L'Allemagne a accéléré sa croissance en 2016, la première économie européenne ayant de nouveau profité d'une consommation dynamique et dégagé un confortable excédent budgétaire, selon les données provisoires dévoilées jeudi par l'Office fédéral des statistiques Destatis.

La progression du Produit intérieur brut (PIB), hors inflation, a été de 1,9% sur l'année écoulée, plus forte que celle de 1,7% en 2015 et de 1,6% en 2014. Il ne s'agit encore que d'une première estimation pour 2016, encore susceptible d'être révisée quand la croissance du quatrième trimestre sera exactement connue en février.

"Malgré le crash de la Bourse en Chine, le Brexit, la Turquie, Trump et l'Italie, l'économie a affiché sa meilleure croissance depuis 2011", souligne Carsten Brzeski, chef économiste chez ING. "La forte demande intérieure a protégé l'économie allemande des risques externes", ajoute-t-il.

Comme cela est désormais le cas depuis plusieurs années, la consommation a été le principal soutien de la conjoncture, avec une hausse de 2% des dépenses privées et de 4,2% de celles de l'Etat, notamment pour financer l'accueil de centaines de milliers de réfugiés arrivés en Allemagne.

Longtemps seul moteur économique de l'Allemagne, le commerce extérieur a été moins stimulant puisque les exportations ont augmenté de 2,5% sur l'année mais, parallèlement, les importations ont aussi été plus importantes que l'année précédente, de 3,4%.

Sur le seul quatrième trimestre, l'économie a repris de la vigueur avec une croissance estimée à "environ un demi-point", a par ailleurs indiqué lors d'une conférence de presse à Berlin, Stefan Hauf, un directeur de Destatis, selon un calcul corrigé des variations saisonnières. Elle avait ralenti à l'été, à seulement 0,2% au troisième trimestre, après 0,4% au deuxième et 0,7% au premier.

"En 2016, l'Allemagne a poursuivi sur le chemin de la croissance", a résumé le président de Destatis, Dieter Sarreither.

En valeur nominale, le PIB, passé en 2015 pour la première fois au-dessus des 3.000 milliards d'euros, a atteint 3.134 milliards d'euros en 2016.

Les comptes publics du pays, englobant ceux de l'Etat fédéral, des Etats régionaux, des communes et des caisses de sécurité sociale, sont ressortis en excédent de 0,6% du PIB, a également indiqué Destatis. L'Allemagne a ainsi enregistré "un excédent pour la troisième année consécutive", a-t-il souligné.

L'excédent du seul Etat fédéral s'est élevé à 6,2 milliards d'euros, a annoncé parallèlement le ministère des Finances.

Ces chiffres "ne vont pas seulement relancer le débat sur des réductions d'impôts et davantage d'investissements public au niveau international, mais aussi au niveau intérieur", estime l'économiste d'ING, alors que les élections générales doivent se tenir à l'automne.

Le parti bavarois CSU, allié des chrétiens-démocrates de la chancelière Angela Merkel, réclame des réductions d'impôts, tandis que le ministère des Finances a fait savoir qu'il voulait utiliser la manne de 2016 pour réduire l'endettement global du pays.

L'Allemagne a plus d'une fois été rappelée à l'ordre, notamment par le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne, pour qu'elle utilise ses marges budgétaires afin de relancer ses investissements publics et, par ricochet, stimuler l'ensemble de la croissance européenne. Mais le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, très attaché à l'austérité budgétaire, a jusqu'ici fait la sourde oreille.

afp/rp