La capacité des marchés financiers à passer d'un avis extrême à son opposé est toujours fascinante. Il y a un sûrement un nom officiel pour cela, mais je l'ignore malheureusement. Pour ma part, cela m'évoque toujours l'image d'un balancier lancé furieusement du côté opposé après être resté en apesanteur de l'autre. En l'occurrence, il n'y a pas si longtemps, la question de l'inflation était très grave et les banques centrales se fourraient le doigt dans l'œil, et probablement la main entière, en pensant que les pics de prix seraient passagers. Mais depuis quelques jours, la peur de flambée des prix a presque l'air d'un lointain souvenir. On voit même fleurir des articles et des études expliquant que, oui, c'était prévisible et que finalement, les indicateurs X et les tendances Y allaient dans le sens d'une détente.

Dans ce contexte, les indices boursiers tracent toujours leur route avec une légère pente positive. Voire un peu mieux ponctuellement, à l'image du Nasdaq 100 hier, qui a accroché un nouveau plus haut avec un peu de retard sur les autres indices. Aura-t-on droit à un nouveau sujet de crainte globale en mode feuilleton, comme cela se produit parfois durant l'été en bourse ? Aucune idée. Mais l'ambiance de déconfinement crée un environnement de confiance qui vient renforcer des projections économiques solides. Quand la France elle-même dépasse les attentes de croissance et la moyenne européenne, c'est qu'il se passe quelque chose, non ?

Même si tout le monde a l'air plus détendu côté inflation, la hausse des prix est une réalité avec laquelle il faut composer. A notre échelle individuelle, nous comprenons que la baguette coûte plus cher quand les prix de la farine et de l'énergie utilisée pour la cuire augmentent. Mais qu'est-ce que cela peut donner dans un processus de production un peu plus complexe ? En d'autres termes, comment un secteur fait-il face à un accroissement de ses coûts et quelles conséquences cela peut-il avoir sur ses résultats ? Exemple avec l'automobile. Il est couramment admis que le secteur, après une annus horribilis 2020, est dans une phase de renouveau à court terme (les immatriculations remontent) et à plus longue échéance (l'électrification crée de nouvelles opportunités). D'ailleurs, le compartiment fait partie des trois secteurs qui ont gagné 30% ou plus depuis le début de l'année. Pourtant, cette belle mécanique peut vite se gripper et la courroie de transmission des ventes vers les bénéfices pourrait ne pas être aussi favorable que prévu. Une étude de Bank of America montre que le prix des matériaux bruts par véhicule produit aux Etats-Unis est passé de 2210 à 3910 USD entre avril 2020 et avril 2021. Ne sortez pas vos calculatrices, la hausse atteint 77%. Ce pourrait être un peu moins pour l'Europe, mais cela donne une idée des proportions.

En réalité, cette situation n'est pas encore visible dans les résultats, car les véhicules produits et vendus actuellement sont assemblés sous l'emprise d'anciens contrats à prix encore corrects. BofA pense que l'impact pourrait émerger au 4e trimestre 2021 et au 1er semestre 2022. Environ la moitié du choc devra être assumé par les constructeurs. Et à ce jeu-là, les industriels grand public auront plus de difficultés à faire passer des hausses de prix que ceux qui écoulent des véhicules haut de gamme, c'est toujours la même chanson. Si l'on se base sur une inflation des coûts de 800 à 1000 EUR par véhicule, Renault avec un revenu moyen par client de 15 000 EUR aura plus de difficultés à avaler la pilule que BMW et ses 50 000 EUR de moyenne. Il faut ajouter à cela les pénuries de semiconducteurs, qui rendent naturellement l'approvisionnement plus onéreux, et la mue structurelle des véhicules (le coût global du contenu d'un véhicule électrique européen moyen est évalué à 25 000 EUR, contre 13 000 EUR pour son équivalent équipé d'un moteur à combustion). Moralité, même si un secteur a le vent en poupe, avec la promesse de revenus en vive accélération, il faut que la rentabilité suive.

C'est la raison pour laquelle dans le contexte actuel et même si le boom économique est là, les investisseurs ont tendance à renforcer leurs allocations sur des entreprises capables d'ajuster leurs tarifs par opposition à celles qui sont contraintes de subir les événements à cause d'un positionnement produit ou d'une concurrence qui ne leur offrent pas les mêmes latitudes. C'est ce que l'on appelle communément le "pricing power", un terme anglo-saxon percutant qui a vite supplanté son équivalent français "pouvoir de fixation des prix". Hermès a plus de chances de pouvoir faire subir à sa clientèle une hausse de prix que H&M. Et donc BMW que Renault.

Nous n'en avons certainement pas fini avec l'inflation, même si le balancier ne devrait pas repartir brutalement en sens inverse et que les investisseurs ont gagné en sang-froid ces dernières semaines. Ce matin, l'actualité financière tourne autour du report d'un mois de la dernière étape du déconfinement britannique, du tour de vis de l'OTAN vis-à-vis de la Chine et de l'approche de la rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine à Genève. Et bien sûr du compte à rebours avant le verdict de la réunion de juin de la Réserve fédérale américaine, qui tombera demain en soirée. Et vous savez quoi ? Il y sera – encore – question d'inflation.

Le CAC40 gagne 0,3% à 6636 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Séance dense en publications, avec dès 8h00 les chiffres de l'emploi britannique et l'inflation allemande, suivis à 8h45 de l'inflation française. Aux Etats-Unis, les ventes de détail et les prix la production de mai et l'indice Empire Manufacturing de juin seront disponibles à 14h30, avant à 15h15 la production industrielle de mai, puis à 16h00 les stocks d'entreprises d'avril et l'indice immobilier de la NAHB de juin.

La paire euro / dollar évolue à 1,2123 USD. L'once d'or peine toujours autour de 1864 USD. Le pétrole est ferme à 73,05 USD le baril de Brent et à 71,05 USD le baril WTI. Le rendement de la dette américaine est quasiment inchangé à 1,48% sur 10 ans. Le Bitcoin est remonté juste au-dessus des 40 000 USD pièce.

Les principaux changements de recommandations

  • Les principaux changements de recommandations

    • Adler Group : J.P. Morgan démarre le suivi à surpondérer en visant 32 EUR.
    • Air Liquide : HSBC passe de conserver à acheter en visant 166 EUR.
    • Airbus : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 110 à 140 EUR.
    • Anheuser-Busch InBev : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 73,60 à 77 EUR.
    • Anglo American : RBC passe de surperformance à performance sectorielle en visant 3400 GBp.
    • Auto Trader : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 520 à 650 GBp.
    • Belimo : Baader Helvea reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 293 à 380 CHF.
    • Dufry : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 80 CHF.
    • InPost : HSBC passe de conserver à acheter en visant 21 EUR.
    • ITM Power : RBC démarre le suivi à performance sectorielle en visant 310 GBp.
    • John Laing : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 403 GBp.
    • MTU Aero Engines : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 205 à 225 EUR.
    • Nel ASA : RBC démarre le suivi à surperformance en visant 27 NOK.
    • Pagegroup : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 545 GBp.
    • Safran : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 130 à 140 EUR.
    • Soitec : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 200 à 221 EUR.
    • Yara : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 459 à 500 DKK.

    En France

    Annonces importantes

    • Selon le Financial Times, les États-Unis et l'Europe sont en passe de régler le différend entre Airbus et The Boeing Company, vieux de 17 ans.
    • Le fonds Third Point détient une part "significative" de Vivendi, selon une information de Reuters.
    • Safran et General Electric vont développer des moteurs plus économes et moins polluants.
    • Amundi lance une augmentation de capital réservée à ses salariés.
    • GPA (Casino) envisage de scinder sa filiale colombienne Exito, selon des sources obtenues par Reuters.
    • Electricité de France minimise les conséquences de l'incident sur l'un des EPR chinois. Par ailleurs, le groupe évoque la fermeture anticipée possible des centrales britanniques de Torness et Heysham 2.
    • ID Logistics étend ses accords avec Procter & Gamble au Chili.
    • Global Bioenergies et Swift Fuel organisent le premier vol international d'un avion alimenté par une essence d'aviation renouvelable à plus de 97%.
    • Eurasia lance une filiale de gestion d'actifs dédiée à l'immobilier.
    • Servier et Oncodesign ont retenu un candidat préclinique dans le cadre de leur collaboration pour le traitement de la maladie de Parkinson.
    • Mauna Kea dévoile sa plateforme Cellvizio de nouvelle génération.
    • Adocia présente des résultats cliniques de M1Pram à l'occasion des 81èmes Sessions Scientifiques de l'American Diabetes Association.
    • Le produit injectable à action prolongée de MedinCell contre le paludisme va entrer en préclinique.
    • Obiz a signé quatre programmes relationnels et affinitaires depuis le début de l'année.
    • Esker renforce son comité de direction.
    • Avenir Telecom et Plant Advanced Technologies ont publié leurs comptes.

    Dans le monde

    Annonces importantes

    • Deutsche Lufthansa a lancé les préparatifs d'une augmentation de capital.
    • Equinor va relever son dividende et démarrer un gros programme de rachat d'actions en 2022.
    • L'action Toyota accroche les 10 000 JPY pour la première fois de son histoire.
    • Les vaccins d'AstraZeneca et Pfizer efficaces contre le variant Delta, selon une étude.
    • Nestlé fait entrer un représentant du WWF au sein d'un de ses organes.
    • Le SPAC GS Acquisition Holdings Corp II discuterait d'une opération à 2,5 Mds$ avec Mirion Tech, selon Bloomberg.
    • About You valorisé 3,9 Mds€ pour son entrée en Bourse à Francfort.
    • Sulzer relève ses prévisions 2021.
    • Implenia signe de nouveaux contrats de bâtiment en Allemagne et en Suisse.
    • Leonteq anticipe un bénéfice net record au 1er semestre.
    • L'agritech belge Biotalys veut entrer en bourse.
    • Principales publications de résultats. Oracle, Hennes & Mauritz, Ashtead, Colruyt, Boohoo, Manutan

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