"Les marchés se remettent en mode "pilotage de crise". C'est dommage alors que tout allait bien et que la situation macroéconomique reste favorable. Ces bons fondamentaux sont relégués au second plan et seule l'aversion pour le risque va dicter les comportements sur les marchés de taux". Pour Franck Dixmier, Directeur des gestions obligataires d'AllianzGI, le contexte d'incertitudes alimenté par les tensions commerciales et au Moyen-Orient a été fortement renforcé par la crise italienne.

"Nous avons eu la semaine dernière tous les ingrédients d'une crise d'ampleur sur les marchés de taux : la volatilité a grimpé, la liquidité s'est évaporée et les taux ont brutalement monté. Les investisseurs manifestent une grande défiance vis-à-vis de l'Italie et sont très inquiets du programme du gouvernement", expliquait récemment le gérant d'AllianzGI à l'occasion d'une conférence de presse.

Au cœur de leurs préoccupations se trouve la question du financement des promesses de la coalition M5S/ligue, de la flat tax à la réforme des retraites, alors que la dette de l'Italie est déjà insoutenable. Tout cela promet des frictions fortes avec la Commission européenne tant ce programme semble incompatible avec le cadre budgétaire européen.

Pour AllianzGI, les investisseurs doivent donc s'attendre à une forte volatilité sur les marchés financiers en Europe. "Les marchés vont vivre au gré des déclarations des uns et des autres et des coups de mentons de la coalition au pouvoir en Italie", assure Franck Dixmier, Directeur des gestions obligataires d'AllianzGI. Dans ce contexte, il exhorte les investisseurs à ne pas vendre le Bund allemand. Il a beau être très cher, à un niveau que les fondamentaux ne justifient pas, il est le refuge ultime pour les investisseurs. "Pour le reste, il va falloir gérer tactiquement et activement son allocation en actifs risqués, crédit et actions, par rapport aux obligations", ajoute Franck Dixmier.

L'été et l'automne pourraient notamment donner lieu à quelques secousses. En effet, les agences de notation vont revoir au cours des prochaines semaines leur rating sur l'Italie, actuellement notée BBB. Et le 15 octobre, Bruxelles rendra son verdict sur la trajectoire budgétaire du gouvernement. "On ne voit pas les agences dégrader à court terme la notes de l'Italie, et la faire passer en catégorie high yield. C'est plutôt une problématique de moyen terme", juge le Directeur des gestions obligataires d'AllianzGI.