Le groupe français recentré sur le transport, qui a annoncé fin septembre son rapprochement avec l'activité ferroviaire de l'allemand Siemens, fait état ainsi dans un communiqué d'une marge opérationnelle de 6,2% au premier semestre contre 5,6% un an plus tôt.

Son bénéfice opérationnel augmente ainsi de 16% à 231 millions d'euros, soit 2,7% de plus que le consensus, souligne Kepler dans une note, expliquant ainsi pourquoi l'action affiche la deuxième plus forte hausse du SBF120, s'octroyant 3,43% à 34,665 euros vers midi.

"Le potentiel de revalorisation et de retour de cash n’est pas encore intégré", écrit de son côté Natixis, qui confirme son opinion à l'achat.

Barclays, qui reste à surperformer sur le titre, met de son côté en avant la solidité de la trésorerie disponible et des commandes, dont la chute était attendue par rapport à un semestre correspondant de 2015-16 marqué par de gros contrats comme celui décroché alors auprès de l'américain Amtrak.

Les prises de commandes chutent en effet de 49% à 3,170 milliards d'euros sur le semestre, dans un marché avare en gros contrats pour l'instant, mais s'inscrivent nettement au-dessus du consensus (2,822 milliards).

Alstom fait valoir dans sa présentation ses partenariats noués avec des fournisseurs stratégiques pour soutenir son expansion à travers le monde, lui permettant d'avancer la mise en oeuvre de ses contrats majeurs en Afrique du Sud, en Inde et aux Etats-Unis.

Sur le semestre, Alstom a réalisé un chiffre d'affaires de 3,756 milliards d'euros (+5% en organique), en ligne avec le consensus Reuters/Inquiry Financial et avec l'objectif annuel fixé d'ici 2020.

Sur l'exercice en cours, les analystes attendent en moyenne 7,274 milliards d'euros de prises de commandes, 7,699 milliards d'euros de C.A. et 413 millions de bénéfice d'exploitation, selon le consensus Inquiry Financial/Reuters.

Alstom, qui réaffirme aussi viser une marge d’exploitation ajustée d'environ 7% en 2020, confirme son intention de signer l'accord de rapprochement avec Siemens au premier trimestre 2018 avant de solliciter les autorisations réglementaires liées à la concurrence.

"Les choses évoluent sans heurt, totalement en ligne avec nos prévisions et nos anticipations. C'est un processus qui durera au moins 12 mois", a observé le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge lors d'une conférence téléphonique avec les analystes.

CONSOLIDATION EN MARCHE

Le projet de rapprochement pour mieux lutter contre le géant chinois CRRC a suscité des inquiétudes sur l'emploi en France, conduisant le gouvernement à réaffirmer fin octobre ses engagements sur l'activité du site de Belfort un an après son sauvetage in extremis au prix d'une commande controversée de 15 TGV de la SNCF.

Le projet annoncé le 26 septembre a été bien reçu par le personnel de Siemens mais aussi d'Alstom et n'a pas non plus suscité de réaction négative chez les clients ou entraîné de mouvement au sein de la concurrence, a souligné Henri Poupart-Lafarge.

Mais la consolidation du secteur risque de ne pas s'arrêter là: General Electric, qui avait racheté l'activité d'énergie d'Alstom en 2015, a annoncé lundi qu'il comptait se séparer de 20 milliards de dollars d'actifs pour se centrer sur l'énergie, l'aviation et la santé.

Le principal de ces actifs est le pôle transport, que GE pourrait vendre ou scinder du reste du groupe. D'une valeur estimée entre huit et dix milliards de dollars, il pourrait intéresser Siemens et Alstom.

L'annonce du futur Siemens Alstom marginalise le canadien Bombardier, qui a en outre dû se résoudre mi-octobre à céder à Airbus le contrôle de son programme phare d'avion CSeries afin de reprendre la main dans un différend commercial l'opposant à Boeing.

L'un des principaux actionnaires de Bombardier a estimé le 1er novembre que le groupe devrait en conséquence envisager toutes les possibilités pour son activité de transport ferroviaire, y compris un partenariat avec CRRC.

Thales, dont l'Etat est le premier actionnaire, s'était de son côté en octobre dit prêt à poursuivre la consolidation du secteur de la signalisation ferroviaire initiée par le mariage annoncé de Siemens et Alstom, deux acteurs majeurs du matériel roulant.

L'Etat a confirmé le 18 octobre avoir restitué les 43,8 millions de titres Alstom que Bouygues lui avait prêtés en 2014, lors du rachat des activités d'Alstom dans l'énergie par l'américain General Electric.

(Avec Patrick Vignal, Blandine Hénault et Georgina Prodhan, édité par Jean-Michel Bélot)

par Cyril Altmeyer