Zurich (awp) - La Commission de la concurrence (Comco) soupçonne Amag, distributeur des marques du constructeur allemand Volkswagen, et d'autres concessionnaires d'accords illicites sur les prix au Tessin. Le gendarme helvétique de la concurrence a ouvert dans la foulée une enquête. De son côté, l'importateur zurichois rejette les accusations en bloc et clame son innocence.

Lancée le 26 juin, l'enquête vise Amag automobiles et moteurs SA et ses sociétés affiliées, ainsi que d'autres revendeurs de véhicules de différentes marques du groupe Volkswagen au Tessin, a précisé la Comco dans une communication datée de mardi et publiée dans la Feuille fédérale.

Dans un communiqué, le principal distributeur automobile de Suisse a confirmé avoir été informé de l'enquête le jour de son ouverture et assure "offrir sa pleine et entière collaboration" aux autorités. Amag insiste sur le fait qu'à ce jour, aucun élément ne lui a permis de corroborer une éventuelle infraction.

"L'enquête a été lancée en raison d'indices d'accords sur des soumissions lors d'appels d'offres publics pour la livraison de véhicules et de flottes de véhicules dans le canton du Tessin", a détaillé le régulateur.

Selon ce dernier, les revendeurs locaux de véhicules du groupe Volkswagen auraient convenu de leurs offres au canton italophone et aux communes tessinoises dans les années 2012, 2013 et 2014.

"Pas de cartel"

"Il n'y a pas de cartel", a affirmé à AWP Oliviero Milani, membre de la direction d'Amag responsable du marché tessinois. "Dans un marché aussi disputé, si nous nous mettions à gonfler nos prix, nous nous ferions vite griller la politesse par un concurrent", a-t-il ajouté. "Nous attendons avec sérénité la clôture de l'enquête qui fera la lumière sur notre innocence".

La part de marché des marques du groupe Volkswagen au sud des Alpes est de près d'un tiers, selon M. Milani. "Nous répondons aux appels d'offres publics depuis 1998 et y avons participé y compris cette année", a-t-il poursuivi, soulignant que le canton s'est toujours montré très satisfait avec les produits du groupe.

Le responsable d'Amag a également insisté sur le fait que le réseau de concessionnaires est régulièrement informé sur le caractère illicite de toute entente sur les prix.

De son côté, le département tessinois du Territoire, en charge de l'attribution des marchés publics pour l'ensemble du canton, s'est refusé à tout commentaire. Egalement sollicitées, les autorités des deux principales municipalités, Lugano et Bellinzone, n'étaient pas disponibles pour commenter l'information.

En octobre 2015, quatre concessionnaires alémaniques de la marque Volkswagen s'étaient vu infliger des amendes allant de 10'000 à plus de 30'000 francs suisses pour avoir établi en 2013 avec Amag Retail une liste commune de conditions, comprenant des rabais et réductions forfaitaires.

La Comco avait initié son enquête après l'auto-dénonciation d'Amag, qui avait conclu un accord à l'amiable pour clôturer la procédure à son encontre. L'accord a fait l'objet d'un recours des concessionnaires, qui doit toujours être tranché par le Tribunal administratif fédéral (TAF).

Contacté par AWP, Patrik Ducrey, directeur suppléant du gendarme de la concurrence, s'est refusé à dire s'il s'agissait à nouveau d'une auto-dénonciation de la part d'Amag, ainsi que les montants et les marques concernées par la procédure.

al/buc