En moyenne, Londres hébergeait 17,5 Mds€ d'échanges quotidiens en 2020 contre 5,9 Mds€ à Francfort et 2,6 Mds€ à Amsterdam. Les plateformes alternatives comme le CBOE et Turquoise ont rapatrié sur le continent le négoce des actions de l'UE.

Il s'agit d'un mois historique pour le continent, qui a ainsi délogé la City pour la première fois de l'histoire moderne. Ce bouleversement s'explique par l'interdiction faite aux institutions basées dans l'Union européenne d'utiliser Londres comme plateforme de négociation, parce que la Commission estime qu'elle n'offre pas le même niveau de garantie en matière de régulation que sa propre réglementation. Cela entraîne un exode quasi-automatique d'une partie des changes. De quoi illustrer certaines railleries entendues au Royaume-Uni, selon lesquelles Boris Johnson avait davantage protégé les pêcheurs britanniques que la finance, un énorme contributeur au PIB du pays.

Le Brexit a également profité aux places de Paris (Euronext, qui opère aussi Amsterdam, Lisbonne, Dublin, Bruxelles et Oslo et demain Milan), Francfort (Deutsche Börse) et Milan, dans cet ordre-là, mais moins qu'à Amsterdam, qui a aussi bénéficié d'un surcroît d'activité dans les dérivés et la dette souveraine, pour les mêmes causes. L'ICE a en outre prévu de déplacer le marché des émissions de CO2 vers les Pays-Bas, tout en conservant la compensation outre-Manche, rappelle le FT.

Mais la situation n'est pas figée, car Londres et Bruxelles pourraient convenir ultérieurement d'un accord d'équivalence, si les deux parties s'entendent bien sûr. Cette semaine, le patron de la Banque d'Angleterre a vertement critiqué la décision communautaire en estimant qu'elle contribuera à fragmenter le marché.

Généralement, Paris et Francfort étaient perçues comme les bénéficiaires du Brexit au niveau financier. Mais Amsterdam a su tirer son épingle du jeu. Dans la bataille pour la relocalisation des emplois, la situation a toutefois l'air un peu plus complexe.