Depuis plusieurs années, personne ne remet en doute l'appétit des investisseurs pour les fonds indiciels, les fameux ETF. Aux Etats-Unis, le poids des actifs confiés à cette approche passive de l'investissement est désormais supérieur à celui de la gestion traditionnelle, c’est-à-dire pilotée par des gérants qui sélectionnent leurs titres de façon active. Bloomberg s'appuie sur les données Morningstar pour affirmer que les fonds passifs US totalisaient, au mois d'août, 4271 billions de dollars, contre 4246 billions de dollars aux fonds gérés activement. Le point d'inflexion est la conséquence des 124,1 milliards de dollars retirés des fonds actifs entre janvier et août 2018, alors que les fonds passifs engrangeaient un solde positif de 88,9 milliards de dollars.

La gestion passive, née dans les années 70, a commencé à réellement prendre son essor il y a une trentaine d'années, pour exploser par la suite. Ses principaux atouts ? Avant tout des frais beaucoup plus faibles que la gestion traditionnelle, mais aussi une diversification importante, une bonne liquidité et une transparence dans les investissements. D'autres éléments sont mis en avant pour expliquer leur succès, pas forcément tous objectifs : il est apparu au fil des enquêtes réalisées auprès des investisseurs qu'ils "pardonnent" plus facilement les contreperformances à un ETF qu'à un gérant actif. Pour une vision synthétique sur les ETF et la façon de les sélectionner, vous pouvez vous reporter à notre vidéo Zonebourse sur le sujet.

 

 Une concentration à surveiller

Le propos n'est pas, aujourd'hui, de rentrer dans le débat sur les mérites et les limites des deux méthodes d'investissement. On sait que de nombreux gérants affichent des performances régulières et supérieures à celles des indices. On sait aussi que le fonctionnement des fonds indiciels crée des distorsions dans l'allocation, en particulier en favorisant les grandes entreprises qui ont le vent en poupe (nous avons déjà écrit sur le sujet, notamment au sujet des stars du luxe dans le CAC40 ou des champions californiens de la technologie dans le S&P500). Pour autant, le pouvoir de séduction des ETF ne se dément pas et les actifs sous gestion devraient continuer à croître, sauf accident de parcours majeur.

Il reste en effet à voir le comportement de la gestion passive en situation de tension boursière, quand la machine se grippe violemment. Lors de la crise des subprimes de 2008, les fonds indiciels pesaient moins de 20% des actifs aux Etats-Unis et beaucoup moins à l'échelle mondiale. Depuis août, ils ont donc atteint plus de la moitié du marché outre-Atlantique. Doit-on craindre un effet domino quand tous ces fonds répliqueront, en même temps, les mêmes ordres sur les mêmes titres pour respecter les pondérations indicielles ? La question, largement débattue, n'a pas vraiment trouvé de réponse. Tant que la marché monte...