Ces propositions visent à concilier les demandes de Berlin de respect de la discipline budgétaire et les souhaits de Paris d'une plus grande solidarité avec la création d'un budget de la zone euro et d'une capacité commune de lever de la dette.

Le renforcement de la zone euro sera au coeur du premier échange que le ministre allemand Finances en exercice, Peter Altmaier, un proche d'Angela Merkel, doit avoir mercredi à Berlin avec le président désigné de l'Eurogroupe, Mario Centeno.

Peter Altmaier est attendu jeudi à Paris pour une rencontre avec son homologue français Bruno Le Maire qui a reçu Mario Centeno la semaine dernière.

Dans leur document de 33 pages publié par le Centre for Economic Policy research (CEPR), les économistes signataires proposent une refonte des règles budgétaires de la zone euro, la création d'un organisme de surveillance des finances publiques indépendant ainsi que d'une forme de Fonds monétaire de la zone euro et d'un "actif sûr" synthétique qui puisse constituer une alternative aux obligations souveraines pour les investisseurs.

NOUVELLES RÈGLES BUDGÉTAIRES

"Notre ensemble de propositions permettrait de changer la donne en améliorant significativement la stabilité financière, la cohésion politique et le potentiel de croissance de la zone euro, tout en répondant aux priorités et aux inquiétudes de ses Etats membres", écrivent-ils.

"Nos dirigeants ne devraient pas se contenter de moins", poursuivent ces économistes qui comptent dans leur rang le président de l'institut de conjoncture Ifo, Clemens Fuest, côté allemand ; Jean Pisani-Ferry, ancien proche conseiller d'Emmanuel Macron, et Philippe Martin, nouveau président du Conseil d'analyse économique, côté français.

Les économistes proposent de remplacer les règles actuelles de discipline budgétaire, centrées sur le déficit structurel et le plafond de 3% du PIB pour le déficit public, par une règle simple de dépenses avec un objectif de long terme de réduction de la dette.

Ils recommandent que dépenses publiques ne puissent pas croître plus vite que le PIB en tendance et en euros courants.

Ils recommandent que la surveillance du respect de ces nouvelles règles budgétaires soit confiée aux organismes compétents nationaux, comme la Cour des comptes en France dont les travaux seraient supervisés par une institution indépendante au niveau de la zone euro.

Prévenant les réserves que la création d'un "actif sans risque" mutualisé à l'échelle de la zone euro sont susceptibles de susciter en Allemagne, les économistes estiment que son interdiction "en parallèle de la régulation limitant la concentration des expositions au risque souverain permettrait d’éviter des mouvements brutaux sur la demande de ces dettes et contribuerait ainsi à la stabilité financière."

L'Union chrétienne démocrate (CDU) de la chancelière allemande Angela Merkel et les sociaux-démocrates du SPD sont parvenus vendredi à un accord de gouvernement qui prévoit notamment de renforcer la zone euro en étroite collaboration avec la France.

Les deux formations ont indiqué dans leur feuille de route qu'elles souhaitent transformer le Mécanisme européen de stabilité (MES) en un fonds monétaire européen et se sont prononcées pour des "fonds spécifiques" qui seraient consacrés à la stabilisation économique, la convergence sociale et la réforme structurelle de la zone euro.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Yves Clarisse)

par Michael Nienaber