monétaires

PARIS (awp/afp) - Nouveau gouvernement italien, rencontre sino-américaine, avancées favorables à Hong Kong et Londres: les marchés européens ont savouré un répit sur le plan politique cette semaine et espèrent maintenant voir la BCE déployer ses largesses monétaires.

"Le principal rendez-vous est désormais jeudi avec la réunion de la Banque centrale européenne. Les investisseurs s'attendent à une bonne nouvelle avec un soutien monétaire", résume auprès de l'AFP Lara Nguyen, experte en investissements financiers au sein de Milleis Banque.

Du fait de ces attentes, "les marchés devraient normalement rester dans une tendance légèrement positive", selon elle.

"2019 a vraiment été menée par les banques centrales qui ont soutenu la hausse depuis le début de l'année avec un message rassurant malgré les ponctuations de la guerre commerciale", développe-t-elle.

"La BCE a promis tellement de choses qu'il est difficile d'imaginer qu'elle ne fasse rien", souligne également auprès de l'AFP Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.

"Les différentes déclarations en amont montrent que de nombreux banquiers centraux européens jugent qu'il vaut mieux faire un dispositif complet qu'une seule mesure isolée, mais il y a un débat interne sur la nécessité de relancer un vaste programme de soutien", estime l'expert.

"Les marchés ont donc beaucoup d'attentes mais aussi des craintes, ce qui induit un risque de déception", prévient-il.

"Ils resteront en outre à la merci d'un tweet de Donald Trump ou d'une évolution politique inattendue au Royaume-Uni", poursuit-il.

Au cours de la semaine écoulée, les marchés ont en tout cas profité d'un flot de bonnes nouvelles.

"Il y a eu des éléments soit positifs soit interprétés de façon positive par les investisseurs", analyse M. Mourier.

"Sur le conflit sino-américain, par exemple, ce que tout le monde a retenu, c'est l'annonce par Pékin que les négociations allaient reprendre, alors même que de nouveaux droits de douane sont entrés en vigueur et que le président américain a fait des déclarations peu amènes", détaille-t-il.

"L'enlisement de la situation politique au Royaume-Uni a, aussi, paradoxalement relancé les espoirs qu'il n'y ait pas de Brexit dur", poursuit-il.

Londres soumis aux caprices de la livre

Le marché britannique a, en effet, vécu une rentrée sur les chapeaux de roues, ballotté au gré des rebondissements politiques autour du Brexit.

Les députés ont repris la main pour empêcher un Brexit sans accord, ce qui a rassuré les marchés. Reste à savoir si le Premier ministre, Boris Johnson, pourra organiser des élections législatives anticipées pour avoir les moyens de sortir de l'UE le 31 octobre comme il l'entend. Le gouvernement va d'ailleurs soumettre une motion lundi pour tenir des élections le 15 octobre.

Les investisseurs continueront donc d'avoir le regard tourné vers Westminster, le Parlement britannique, dans les prochains jours.

Le sort du marché boursier londonien dépendra aussi pour beaucoup de la livre. Pâtissant de l'incertitude, cette dernière a connu un plus bas en trois ans en début de semaine, avant de rebondir et de peser sur la Bourse de Londres. L'indice vedette compte de nombreuses multinationales cotées et cela entraîne une réduction mécanique de la valeur des résultats réalisés à l'étranger une fois leur montant converti en livre.

"L'arrivée d'un nouveau gouvernement en Italie, qui laisse augurer d'un réchauffement des relations entre Rome et Bruxelles", ainsi que "le retrait définitif du projet de loi sur les extraditions, à l'origine de la crise aiguë à Hong Kong", ont également été une source de soulagement pour les marchés, note Mme Nguyen.

Mais, signe que les investisseurs n'ont pas abandonné toute prudence, observe l'experte, "plusieurs valeurs dites défensives ont touché des plus hauts depuis 10 ans, à l'instar de Pernod Ricard, Essilor, Air Liquide ou Vinci".

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